Album of the Month : "Leaving Room" by Laure Brisa
Il est parfois difficile de mettre en mots ce que l'on peut ressentir à l'écoute d'albums que je qualifie de radicaux, de l'ordre du tout ou rien.
"Leaving Room" est l'un de ceux-ci.
Ouvert magistralement par un texte de Yeats sur une musique composée par Laure Brisa, l'opus met immédiatement l'auditeur en demeure.
S'immerger, se plonger dans ces abîmes envoûtants.
Ici, nulle flatterie, nul effet racoleur, pas de superflu.
Le lieu ne souffre pas la complaisance.
Ici, chaque note, chaque arrangement, chaque inflexion de la voix, chaque mot, chaque instrument, chaque son de machine s'inscrit dans un tout, une intention, un regard sur le monde.
Tous délicatement, subtilement assemblés dans leur singularité, entrelacés pour composer ce tout.
Un tissage d'artisan.
Une faiseuse d'atmosphères, une conteuse, une sculpteure de sonorités.
Laure Brisa est une sorcière qui nous emporte dans son univers. Une sorcière entourée d'autres sorciers dont Guillaume de la Villéon à la réalisation.
Une recherche, me semble-t-il, même si leur style n'est pas comparable, que l'on retrouve chez d'autres artistes déjà présentés en cet espace - Bastien Lallemant, Gisèle Pape, Cheval Blanc, Orso Jesenska et tant d'autres...- d'une couleur, de la justesse.
On pourrait être tenté, au vu du parcours de formation musicale de Laure Brisa, par une écoute analytique de son album. Je ne suis pas persuadé que cela apporterait quelque chose. Il suffit de prendre le risque d'accepter d'écouter et de se laisser porter. Comment résister à "La louve", "Ophélia" ou à ce titre dont les paroles sont d'Helena Canosa !