Song of the Day : "Deep Rest" by Agathe Plaisance
Très beau titre extrait de l'album du même nom paru fin novembre 2025. Un album d'Agathe Plaisance à découvrir absolument en cette fin d'année.
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Très beau titre extrait de l'album du même nom paru fin novembre 2025. Un album d'Agathe Plaisance à découvrir absolument en cette fin d'année.
Le vent et la pluie ont pris possession de mes journées. Mon ciel est gris.
"Toutes les vies", magnifique chanson de Rebeka Warrior parue il y a quelques semaines, accompagne les bourrasques de vent qui font craquer la charpente de mon antre.
Depuis des mois, je me terrais. Depuis des mois, j'étais presqu'à terre. J'étais devenu gardien de phare, veilleur d'éclairs. Un peu de lumière pour les nuits d'inquiétude. Plus ou peu de musique, quelques chansons anciennes parfois, de rares lectures. Quasiment disparue l'envie de découvrir d'autres contrées. La musique des vagues me suffisait et celle du vent aussi. Juste cette énergie profonde, cette puissance vitale. Et la nuit, le son du bois des poutres de la maison quand le froid s'installe. La solitude et le silence me convenaient.
Parfois, la vie est ainsi.
Les envies de musique ou de lecture s'évanouissent.
Parce qu'elles ne parviennent pas à calmer les peurs, à faire oublier les incertitudes de l'avenir.
Parce qu'elles ne parviennent plus à mobiliser votre énergie, votre capacité d'attention.
Parfois, la vie est ainsi parce que la vie est d'une extrême violence, d'une profonde injustice. Nous n'avons pas demandé à vivre mais nous devons vivre tout ce qui nous arrive.
Mais la vie est ainsi faite que des envies reprennent leur place.
Ce matin, le vent s'est levé. Les bourrasques faisaient craquer la vieille charpente quand j'ai ouvert l'emballage de carton posé sur la table aux carreaux de céramique, tout près de la platine vinyle. Je savais qu'il allait m'attendre, là, patiemment. Je savais qu'il allait attendre le moment où je l'ouvrirai calmement, où j'apprivoiserai son contenu à l'instant qui me paraîtrait le plus adéquat. Je l'ai laissé là quelques jours, je le regardais de temps à autre. Non, ce n'était pas encore le moment. Attendre, savoir attendre. Et puis, alors que la solitude s'était installée, que le ciel tourmenté et le noir luisant des ardoises sous la pluie me semblaient en adéquation avec son écoute, je l'ai sorti de son emballage, j'ai touché - presque caressé - sa pochette, sorti délicatement le disque.
Neuf morceaux composés par Catherine Watine. Au piano, bien sûr. Mais pas que, des sons multiples, des chutes de violoncelle, des craquements et une voix.
La musique de Catherine Watine est de celles qui créent des espaces d'introspection, qui fouillent la mémoire et les souvenirs, qui vous font osciller entre mélancolie et lumineuse sérénité, entre mystère insondable et frontières de l'intime. Touchante d'humanité, essentielle.
La musique de Catherine Watine est de celles qui sied à ces clairs-obscurs des contrées où je vis. Le disque s'achève et (est-ce un hasard ?) un rayon de soleil vient jouer avec les gouttes de pluie. Par la fenêtre, je crois voir se dessiner un arc-en-ciel.
Entre deux averses, la lumière du soleil fait briller les toits d'ardoise.
J'écoute Carol Anne McGowan.
Nouvelle chanson, nouvel instant de grâce.
J'avais déjà évoqué le magnifique album "Aer" paru en 2023.
Dix ans ans après l'émouvante, la poignante version de "Mad Girl's Love Song", Carol Anne McGowan démontre, une fois de plus, sa remarquable qualité d'interprète.
Je suis sorti de ma torpeur granitique. J'ai traversé les vergers de pommiers, emprunté la route - celle qui conduit vers la ville - enjambé la rade et pris la direction du port. Une soirée, des femmes et des hommes serrés les uns contre les autres, un peu trop à mon goût, je n'ai plus l'habitude de la foule, je préfère les sentes désertées, de celles où l'on prend le temps de flâner et d'écouter la musique de l'océan et celle du vent. Une découverte, comme quoi, parfois, il est bon se frotter aux autres. Une découverte : Colin Chloé. Un Brestois en première partie de Dominique A. Pourtant, le gaillard n'est pas un débutant. Trois albums à son actif depuis 2010. Le dernier paru en 2022 : "Où l'eau te mène". Rien que le titre et cela donne envie de fureter. Une écriture, une voix, seul à la guitare électrique sur scène. J'aurais pu choisir d'autres extraits de son dernier album ou bien du précédent comme "Le monde marche". Magnifique chanson qui raconte les perdants et leur révolte. Une belle découverte car ce que nous raconte Colin Chloé, nourri par cette terre de granit où pousse l'ajonc, est de l'ordre de l'universel.
La pluie continue sa mélopée sur les ardoises. Est-ce qu'un jour le soleil viendra réchauffer les murs de granit ? Novembre et ses fantômes se plaisent à me tarauder. Nulle part où les fuir. Aucun port où se mettre à l'abri. Il ne me reste que la musique pour tenter de leur échapper quelque peu.
Avec "Woven Eyelids" pour compagnon, je vogue vers des îles enchanteresses. Même si cet opus pourrait apparaître de prime abord mélancolique, je le vois traversé de lumière, de beauté éclatante. De l'introduction "e.L.i.N.a" au dernier titre "Lovely Pain", pas un faux-pas. Sensibilité et délicatesse évidentes. Subtilité des arrangements. J'aurais pu détailler chaque titre, leur justesse. Des quelques notes posées à point nommé par piano, trompette, trombone ou voix féminine. Une harmonie rare, magnifique et précieuse.
Novembre et ses fantômes se plaisent à me tarauder. Nulle part où les fuir. Aucun port où se mettre à l'abri. Mais avec "Woven Eyelids", premier album solo de Nicolas Puaux, accompagné de Patrik Lerchmüller, je vogue vers des contrées bouleversantes de beauté. Indispensables.