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Album of the Month : "Mémoires Vives" by Grand Blanc. Une "tuerie", vraiment ?

Pourquoi écrire sur un album qui avant même sa sortie officielle faisait l'objet d'un titre élogieux dans un magazine français "les Inrocks" dont j'ai souvent tendance à ne pas partager l'enthousiasme ?

"Tuerie", "des airs de manifeste pour un nouveau genre de pop urbaine", "une des grosses excitations de ce début d'année" ! Un succès médiatique annonçant un succès commercial ? Pas certain en tout cas que l'intention du groupe ait été de composer un album manifeste. Plus modestement, je crois qu'ils composent la musique qu'ils ont envie de créer, la musique de leur temps, une musique entêtante et c'est déjà bien suffisant.

Comment un vieux bonhomme comme moi qui est entré en chansons et musique à la fin des années 60 par les 4 de Liverpool, Léonard Cohen, Dylan, Hendrix, Brassens, Brel, Bach, Beethoven et tant d'autres a pu être scotché dès l'écoute de leur premier EP en 2014 tout en se demandant s'il n'a pas été mystifié ?

Qu'est-ce qui fait que la musique de ce groupe provoque cette fascination ?

Il y a, me semble-t-il, de multiples raisons qui me font apprécier les propositions de Grand Blanc en provoquant les sourires ironiques de certaines de mes connaissances à qui je propose d'écouter les titres de ce groupe.

Grand Blanc, c'est une texture musicale, un son assez rare dans le paysage musical français actuel. Une matière sonore viscérale aux accents glacés douée d'une énergie, d'une pulsation qui te donne envie d'agiter tes membres. Des vagues synthétiques qui t'emportent inexorablement. Grand Blanc, c'est la faculté de te procurer des images mentales qui te projettent dans des lieux à chaque fois différents. Ce sont aussi deux voix, deux chants qui donnent cette couleur, cette signature originale au groupe. Deux voix qui sont deux instruments et travaillées comme tels. Il ne s'agit pas ici de performance vocale mais de traitement du matériau vocal qui fait que le texte en vient à constituer seulement une matière sonore indissociable de celle de chaque morceau, à tel point qu'il faut se concentrer pour saisir vraiment les paroles.

Deux chants, deux voix, celle de Camille (bien souvent traficotée), qui s'étire parfois aérienne, parfois dure, presque acidulée (ah dans "L'amour fou" ou "Evidence"!) qui se combine à celle de Benoît plus chaude et remarquable (dans "Samedi la nuit", "Disque sombre" ou "Montparnasse" par exemple). C'est aussi cette façon d'aligner les syllabes, les mots, les phrases qui donne ce son à Grand Blanc.

Je ne sais si Grand Blanc fait de la cold wave, du rock ou de la pop. J'avoue que cela m'indiffère totalement. Ce que je crois, c'est que Grand Blanc est étrangement de son temps et en même temps me procure une sensation de familiarité au détour d'une ligne de basse dans "Disque Sombre" par exemple et dans bien d'autres morceaux comme "Surprise Party". Mais créer de la nouveauté n'est-ce pas toujours construire à partir de ce qui a précédemment existé ? Peut-être que plus grand monde ne se souviendra de Grand Blanc dans quelques années - la modernité est éphémère -  et alors ! En attendant, ne boudons pas notre plaisir. Allez, n'en déplaise à mes voisins et à ceux qui vivent avec moi, je vais remettre le volume du Cambridge à fond, c'est l'amour fou ! Nom de Zeus, je crois que j'ai 20 ans !

Album en écoute sur spotify avec les trois titres bonus.

 

 

 

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