Song of the Day : "Follow You" by Cloud Tangle
Un EP paru aussi en 2017 :
En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.
Un EP paru aussi en 2017 :
Lumière d'hiver
Caresse le calcaire
Là-bas la guerre toujours.
Après avoir écouté « Le seul moment » de Lou
pour Lou
Un soir de décembre,
dans ma boîte aux lettres,
déposée par le facteur,
j'ai découvert une enveloppe.
Mes doigts ont deviné votre album.
J'aime à savoir qu'il a parcouru
cette distance entre vous et moi
grâce à des femmes et des hommes,
des porteurs de messages,
d'un temps bientôt révolu
où les mots d'amour
parvenaient avec lenteur
à ceux qui les espéraient.
Je l'ai laissé posé sur la table
seul, en instance.
Je suis parti, appelé par l'ordinaire du quotidien.
Il était là, abandonné sur la nappe de fêtes, rouge.
J'ai juste eu le temps de transférer
sa version numérique sur ma machine à MP3.
Le matin suivant, à six heures,
le vent soufflait et les vagues étaient mauvaises
quand j'ai emprunté la route qui longe la mer.
J'ai rejoint la gare où un TGV
devait m'emporter vers la capitale,
vers les obligations de ce monde.
Et son bruit.
J'étais assis, seul.
J'ai sorti ma machine à fichiers compressés,
posé le casque sur ma tête,
fermé les yeux, appuyé sur la touche lecture.
J'ai passé une partie de mon voyage
en votre compagnie, dans une maison en ruines,
en imaginant votre corps onduler lentement
au son de votre chant – je ne vous ai jamais vue
et écoutée sur scène. Je vous voyais danser,
de ces danses où le corps s'abandonne
au seul moment.
Je vous ai toujours imaginée danseuse
avant même que d'être chanteuse.
Il y a dans vos chansons, leur musicalité,
un ondoiement, une lente pulsation
qui transporte peu à peu dans un état second.
Comme quand, dans l'eau, sur le dos,
au rythme lent de la houle,
le ciel d'été tangue.
Quand j'ai ouvert les yeux,
par la vitre balayée de pluie,
j'ai aperçu des arbres qui pliaient sous les rafales.
J'ai cru y voir de vieux fantômes.
Il y a toujours cette forme de paradoxe
déjà si présent dans votre précédent album.
Elle est votre signature, gravée sur le tronc
d'un arbre au fond de la forêt.
La gravité du propos alliée à cette légèreté
ondoyante. L'épure aussi.
Aller à l'essentiel.
On ne sort pas indemne de l'écoute
de vos chansons.
Qu'elles nous disent quelque chose de vous
n'a finalement que peu d'importance. Non.
L'essentiel est qu'elles nous parlent de nous.
Un chant universel
qui se déploie dans une grâce ondulante et paisible.
J'ai repris le train, parcouru le chemin
en sens inverse.
J'ai fui le bruit du monde,
j'ai retrouvé la femme qui m'a emmené
loin du pays des ombres.
Vers d'autres contrées.
Des contrées oubliées.
Que je croyais inaccessibles.
Là où le bonheur a le droit d'exister.
Là où le plaisir naît du désir dans les regards.
Là où l'amour n'est pas chimère mais juste
de l'ordre du possible.