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Album of the Month : "Fruit mûr" by Claire Redor

Chère Claire,

J'espère que vous ne vous offusquerez pas que j'emploie votre prénom "Claire" plutôt que le "Madame" d'usage. Voyez-y plus une marque de profond respect que de la familiarité. Et puis, ce prénom vous sied plus que celui de Madame à mes yeux. Il me semble correspondre à cette grâce éclatante dont votre album est porteur.

Samedi, j'ai découvert dans ma boîte aux lettres une enveloppe. Il y avait à son dos en lettres noires écrites à la main l'initiale de votre prénom, votre nom et une adresse. Et puis aussi un "Merci". J'ai alors compris qu'il s'agissait de votre disque que j'attendais avec impatience. J'ai plaisir à vous imaginer tracer toutes ces lettres pour chacun de ceux qui vous ont soutenu. J'ai plaisir à vous imaginer préparant l'expédition un peu partout en France de ce premier album. Onze titres qui réuniront autour de leur écoute des personnes dispersées dans l'Hexagone et qui  ne se rencontreront probablement jamais pour la plupart d'entre elles si ce n'est autour de vos onze chansons. Vous avez pris le temps de réaliser ce premier opus depuis vos premiers EP où, déjà, vous faisiez preuve de cette grâce lumineuse, fragile et délicate.

Vous aviez, bien avant, adressé votre album en version digitale mais je voulais le découvrir dans son écrin. Je voulais pouvoir le déguster tout en parcourant son livret. Je voulais l'éprouver matériellement, physiquement.

J'ai pris le temps de le faire mien, ignorant les critiques élogieuses si rapidement parues. 

Comme la pierre longuement sculptée, comme le bois ciselé patiemment, comme le cuir tendrement travaillé, vos chansons savent des instants intimes peindre, à petites touches délicates, les tourments et la beauté fragile. Avec pour compagnons des orfèvres, bien trop méconnus, que sont les Sammy, Floé, Erwan et bien d'autres, vous tissez peu à peu votre toile ensorceleuse : de "Rouge à lèvres" à "Ainsi la nuit", de "Donant" à "Alpage", pas un mot de trop, pas une note de trop, pas un de ces arrangements à l'artifice facile et accrocheur. Non, rien qui ne vienne troubler votre parole singulière, votre sereine sincérité. Il y a dans votre écriture comme dans  "Alpage", "Donant", "Ainsi la nuit" - et tant d'autres - une économie qui donne place à la grâce de ces instants, une écriture qui m'évoque cette sobriété rencontrée chez des écrivains ou poètes japonais où la grâce des émotions, des sentiments, de l'éprouvé et de la concision, vient sereinement, doucement, affleurer.

Vous m'aviez déjà conquis et vous récidivez.

Restez comme vous êtes, Chère Claire, gardez cette troublante sincérité et ne vous laissez pas emporter par le succès critique, bien souvent éphémère, ou par les vagues méchantes d'une production pour un nouvel opus qui viendrait ternir cet indien éblouissant à votre rivage que vous chantez si bien. Mais, votre "Fruit mûr" démontre, s'il en était besoin, que nul ne pourra vous faire dévier de votre sentier tranquillement tracé.

Au plaisir de vous écouter un jour en concert.

Play B.

 

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