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MB&P : Music Books And Poems - Page 26

  • Dernier été

    Je me souviens encore de la chaleur de son dernier été

    Entre mes bras, léger, oscillait son corps

    Tenter de se tenir debout occupait chaque instant de sa vie

    La douleur aussi

    Muette, implacable

    Je n'ai jamais rien su de lui

    Rien qu'il n'eut voulu me confier

    A l'exception de ses silences ou de ses colères, rares, violentes

    Comme un trop plein qui devait s'évacuer

    Un trop plein assourdissant de silences

    Tout ce que j'ai pu apprendre, ce sont les autres qui me l'ont dit

    Des morceaux de vie, épars, sans cohérence apparente

    Maintenant que je crois savoir, il n'est plus là

    Depuis longtemps, depuis si longtemps, il s'était échappé de ce monde

    Depuis ces longs mois de souffrance muette en des contrées lointaines, de l'autre côté de la Méditerranée

    Là où la guerre n'était pas officiellement une guerre Là où sa jeunesse, ses espoirs, sa joie ont disparu à jamais

    Comme pour tant d'autres

    Vivants mais broyés définitivement

    A son retour, il n'était plus le même

    A son retour, j'étais un inconnu il m'était inconnu

    Il n'avait eu la permission de me voir qu'une seule fois après ma naissance

    Maintenant, je suis seul avec les lambeaux de sa vie

    Maintenant, je suis seul et je ne peux plus rien lui dire

    Seul demeure ce silence assourdissant que sa voix ne viendra plus jamais troubler

    Seul je demeure à écouter les vagues mourir sur la plage, à imaginer ce que fut la vie de ce jeune homme parti contre son gré

    Loin très loin de l'autre côté de cette immensité d'un bleu si cruel.

  • Song of the Week : "Les chevaux blancs" by Diane

    Les jours, les semaines passent. L'hiver s'est installé. La lassitude aussi, les doutes parfois. Seul, je me laisse porter par cette version de Diane sur la compilation ALLOPOP de La Souterraine parue il y déjà plusieurs mois. Tous les ingrédients sont là - texte, voix, interprétation, arrangements - pour en faire un moment de ravissement mélancolique.

     

  • "Le dernier album" by Mendelson

    J'ai hésité, qu'écrire à propos du dernier opus de Mendelson que j'ai réécouté plusieurs fois en version numérique en attendant de recevoir le coffret, la "Box".

    Et si la position la plus appropriée était de choisir le silence, juste mettre en ligne les 5 titres de cet ultime album. Après tout, à quoi sert de s'épancher, tout n'est-il pas pas déjà dit, chanté, joué dans cette dernière étape avant la fin proclamée ?

    Et puis, cela m'a toujours ennuyé les chroniques du regret (du type hommage au génie méconnu), les articles qui viennent nous arracher des larmes quand un artiste, un groupe, une personnalité achèvent leur parcours ou disparaissent. C'est un peu comme les départs à la retraite, t'as plein de gens qui t'ont fait royalement chier quand tu bossais qui voudraient te remercier et boire un pot avec toi ! C'est comme les enterrements où t'as plein de gens qui viennent te rendre hommage alors que quand tu étais bien vivant, ils n'en avaient rien à foutre ou t'ont fait plus de mal que te donner des signes d'amour, d'affection ou de respect.

    Et puis, après tout, y a plein d'espèces d'animaux, y a plein de végétaux et plein d'hommes et de femmes qui meurent dans l'indifférence quasi-générale ! Au nom de quoi la fin d'un groupe de musique serait plus digne d'intérêt que celle de mon grand-père qui travailla dès l'âge de 14 ans ? Qui, fils d'immigrés, prit les armes pour défendre un pays qui les avait accueillis non sans souffrir au quotidien de rejet, de réflexions les plus stupides et blessantes dès son enfance ? Au nom de quoi certains auraient plus d'importance que tous ces anonymes ?

    Je vois déjà fleurir les chroniques, je vois déjà les commentaires... Que ceux qui les ont accompagnés, les fidèles, les amis de route puissent témoigner de ce que ce groupe a pu signifier, a pu leur apporter à un moment ou un autre de leur vie, ne me dérange aucunement. La meilleure façon de faire vivre nos morts - que nos morts soient présents parmi les vivants - est d'en parler, de montrer, de faire entendre, de dire en quoi ils nous ont été précieux. Il n'y a rien de moins humain que de laisser mourir nos mourants dans des lieux aseptisés, loin de tous, abandonnés et sans marques d'affection. L'indifférence, cacher la mort est le contraire de ce qui nous fait humains.

    Non, Mendelson ne nous a pas rendu plus humains par ces albums - ceux qui écoutaient l'étaient déjà et ceux qui ne l'écoutaient pas l'étaient aussi ! Mendelson nous fait simplement humains parce que nous sommes à ses côtés quand il disparaît, parce que nous l'écouterons encore de temps à autre, parce que nous le partagerons comme nous partageons l'existence de ceux qui ont, à un moment de notre vie, été des compagnons, des êtres qui ont marqué notre existence, qui ont pu jouer un rôle mystérieux dans notre vie. Comme le prof anonyme décrié par tous qui te fait découvrir un père obscur, comme un grand-père qui te parle de ce que fut sa vie d'ouvrier, comme une chanson de Ferré écoutée à 13 ans et qui t'ouvre de nouveaux horizons, comme un bouquin de socio que tu lis à 20 ans et qui te marque à jamais, comme le père que tu as pu parfois détester mais qui t'a permis de te construire sans que tu t'en rendes compte, comme tant d'autres, des femmes, des hommes connus ou inconnus. Juste une histoire de rencontres humaines.

    De Mendelson, il demeurera les albums, des petits cailloux, des traces, à continuer de faire vivre. Il reste l'oeuvre, textes, musique, interprétation, compositions, un tout, une couleur singulière, un ensemble indissociable, c'est l'essentiel. La postérité du groupe, après tout, rien à faire ! 

    Alors "Fin de partie", "Rideau" pour Menselson. Et alors ? L'important, l'essentiel est par ici :