Concision 107
Éclair blanc surgi
De ma mémoire rongée
Sa gorge entrevue.
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Éclair blanc surgi
De ma mémoire rongée
Sa gorge entrevue.
Troisième titre. A découvrir absolument.
Cette photographie de moi, tu avais tenu à la prendre un après-midi d'août, tu savais pourtant combien je détestais cela.
Non loin de la mer que j'avais voulu voir, nous étions attablés dans un jardin à l'ombre protectrice des arbres. Tu avais un haut de coton écru avec, me semble-t-il, un liseré de dentelle et ton sourire irradiait l'espace, je ne voyais que toi.
J'avais pris l'appareil, emprisonné cet instant comme si je ne voulais pas le voir s'évanouir, pour capter ta beauté lumineuse et, au final, à travers le viseur, plus encore que l'éclat de ton visage, ce fut la force inébranlable de ton amour qui apparut.
Je n'avais pu me baigner, je t'avais regardée avancer dans les vagues. De la main, je manifestais ma présence lointaine, signe dérisoire de mon impuissance. Je rageais de ne pouvoir nager à tes côtés.
J'avais détesté le sable de la plage ce jour-là, sa chaleur sous la plante de mes pieds engourdis, sa texture fuyante qui me faisait marcher de guingois, sa couleur éblouissante et son inconfort qui ne semblait gêner tous ces corps dénudés allongés.
Cette photographie, je n'avais pas voulu la regarder, témoin d'un présent disparu dont je ne voulais conserver trace.
Elle était celle d'un homme que je ne reconnais pas, il ne restait rien du vert irisé des paillettes dorées de ses yeux, le noir des pupilles semblait avoir tout digéré et son regard, malgré son esquisse de sourire, ne pouvait faire illusion.
Pourquoi tenons-nous tant à capturer les instants éphémeres de nos vies ?
Des clichés où nous croyons tenir la mort à distance. Et pourtant, combien elle y est déjà présente, vivante.
Plus de 40 ans après, toujours aussi magnifique. "Colour Green" un album d'une beauté émouvante.
Photo by Play B., Porto, 2019.
La nuit s'empare des rues désertes. De rares silhouettes masquées pressent le pas. Peut-être un jour viendra où nos vies ne se résumeront plus à surveiller les horloges et à se munir de nos laissez-passer. Rien ne peut encore nous empêcher d'éprouver des émotions, des sensations physiques, d'être comme happé par un chant, une musique, une voix, une interprétation, des compositions, des textes. En tout cas, tant qu'existeront des interstices dans la standardisation industrielle de la musique. Synne Sanden, découverte dès son premier album, et Øyvind Blikstad, compositeur, délivrent un EP somptueux. Six titres d'une intensité qui, jamais, ne cesse. L'interprétation, le chant et les compositions ne peuvent laisser indifférents.
De "Skeleton", titre remixé, qui ouvre cet opus à "Brick by Brick" qui le clôture en nous laissant entrevoir la lumière, Synne Sanden fait preuve d'une interprétation remarquable, bouleversante.
Titre extrait du nouvel album "Monument Ordinaire" de Mansfield.TYA.