Stone 4

Photographie by Play B., 2018.
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Photographie by Play B., 2018.
« I just want to put something positive
Into the world but it’s hard because
I’m so full of poisonous rage »
Pour l'interprétation de Florence Shaw, son phrasé.
Pour le jeu de Tom Dowse.
Pour les lignes de basse de Lewis Maynard.
Pour l'ensemble des dix titres délivrés par le quatuor.
Un premier album à découvrir.
Le soleil réchauffe mes vieux os en cette fraîche journée printanière. Méliès et Thiéfaine m'accompagnent en ces temps de solitude. Titre extrait du dernier album "Laurel Canyon" du premier cité.
Bien sûr, beaucoup d'articles, beaucoup de promotion. Mais n'empêche, dans ce nouvel album attendu et parfois presque trop encensé, il y a des titres qu'en cet été prématuré, je me plais à écouter. "Panthère" est de ceux-là, dépouillé, un instant capturé, sans artifices. Je pourrais imaginer la scène, la mettre en images. "Cantique", "Ces bijoux de fer" bien plus que les titres médiatisés sont autant de moments forts.
Éclair blanc surgi
De ma mémoire rongée
Sa gorge entrevue.
Troisième titre. A découvrir absolument.
Cette photographie de moi, tu avais tenu à la prendre un après-midi d'août, tu savais pourtant combien je détestais cela.
Non loin de la mer que j'avais voulu voir, nous étions attablés dans un jardin à l'ombre protectrice des arbres. Tu avais un haut de coton écru avec, me semble-t-il, un liseré de dentelle et ton sourire irradiait l'espace, je ne voyais que toi.
J'avais pris l'appareil, emprisonné cet instant comme si je ne voulais pas le voir s'évanouir, pour capter ta beauté lumineuse et, au final, à travers le viseur, plus encore que l'éclat de ton visage, ce fut la force inébranlable de ton amour qui apparut.
Je n'avais pu me baigner, je t'avais regardée avancer dans les vagues. De la main, je manifestais ma présence lointaine, signe dérisoire de mon impuissance. Je rageais de ne pouvoir nager à tes côtés.
J'avais détesté le sable de la plage ce jour-là, sa chaleur sous la plante de mes pieds engourdis, sa texture fuyante qui me faisait marcher de guingois, sa couleur éblouissante et son inconfort qui ne semblait gêner tous ces corps dénudés allongés.
Cette photographie, je n'avais pas voulu la regarder, témoin d'un présent disparu dont je ne voulais conserver trace.
Elle était celle d'un homme que je ne reconnais pas, il ne restait rien du vert irisé des paillettes dorées de ses yeux, le noir des pupilles semblait avoir tout digéré et son regard, malgré son esquisse de sourire, ne pouvait faire illusion.
Pourquoi tenons-nous tant à capturer les instants éphémeres de nos vies ?
Des clichés où nous croyons tenir la mort à distance. Et pourtant, combien elle y est déjà présente, vivante.
Plus de 40 ans après, toujours aussi magnifique. "Colour Green" un album d'une beauté émouvante.