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christophe

  • My Story with a Song : "Les mots bleus", Christophe.

    1974, j'écoute Brassens, Brel, Ferré et puis les Pink Floyd, Genesis, Dylan, les Stones, Neil Young, Bowie, Led Zeppelin, Lennon et tant d'autres encore.

    1974, c'est l'année où j'entends cette chanson « Les mots bleus » de Christophe, sans doute à la radio.

    1974, c'est l'année où je suis amoureux d'une jeune fille qui n'aura jamais un regard pour moi.

    L'année suivante, je participerai à ma première grève de cours.

    Mais de cette année 1974, ma mémoire a surtout conservé cette chanson.

     

    Longtemps, je l'ai caché. Dans mon cercle d'amis voire d'intimes puis dans les différents milieux que j'ai traversés.

    Christophe n'était pas le genre d'artiste cité. En parler, c'était prendre le risque d'entendre des qualitatifs du genre « chanteur à midinettes », « populaire », « artiste mineur », « variété sans intérêt », « commercial »... Dans le meilleur des cas, une indifférence légèrement hautaine.

    Certains diraient que ce sont à ces occasions que se manifestent l'appartenance sociale, les rapports de domination. Probablement.

    En tout cas, cette chanson, si elle était entrée en résonance avec mon cœur d'artichaut et mes préoccupations adolescentes, je sentais confusément que je ne devais pas trop en faire part, même des années plus tard.

    Se taire plutôt que de risquer la honte.

    Se taire plutôt que de se distinguer.

    Longtemps, j'ai gardé tout cela dans une pièce secrète de ma vie.

    Et puis, Christophe devint apprécié voire branché, y compris parmi ceux que l'on dénomme des « intellectuels » - où sont-ils, où sont-ils ?

    Les duos et les reprises s'enchaînèrent.

    Évidemment, elles n'avaient que rarement la saveur de l'originale - ma mémoire musicale est conservatrice.

    Et j'ai continué à me taire, à l'écouter dans mon coin tranquillement, à la déguster comme une vieille eau de vie.

    Que Christophe soit désormais quasiment porté aux nues me fait sourire.

    Mais je ne sais pas si c'est un sourire de joie ou de tristesse.

    Au fait, on n'entend plus guère les chansons de Brassens, de Brel, de Ferré ou de Caussimon.

    C'est vrai, tout cela s'oublie, tout cela n'est plus vraiment à la mode, les chansons se périment. Difficile pourtant d'oublier « Supplique pour être enterré sur la plage de Sète » et tant d'autres.

    Bientôt, « Les mots bleus » les rejoindra aussi mais je l'écouterai, sans me cacher, chantée par  son créateur ou Bashung.