Concision 56 :
Sa vie pour oreiller
Un homme dort sur un banc
Grouillement de la ville.
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Sa vie pour oreiller
Un homme dort sur un banc
Grouillement de la ville.
Du train | soudain |
le golfe | à la vue s'offre |
la mer | étale |
d'argent | sans une ride |
à l'horizon | s'unit |
au ciel | de nuages gris |
et | cette lumière |
qui irradie | la baie |
et | cette lumière |
qui irradie | l'océan |
elle est | je crois |
semblable | à celle |
qui caressait | ton corps nu |
disparue | soudain |
cette lumière | qui me hante |
Première tulipe
Rouge comme sang séché
Elle veille solitaire.
J'inspire profondément
L'air froid emplit mes poumons
Toujours vivant.
Un roman sensible et écrit avec délicatesse de l'auteure coréenne Kim Ae-ran. Traduit par Lim Yeong-hee et Françoise Nagel, Editions Philippe Picquier.
Où il est question de l'amour de deux parents pour leurs fils Areum atteint de progéria, maladie génétique extrêmement rare qui provoque un vieillissement accéléré.
PROLOGUE
Mes parents avaient seize ans quand ils m'ont eu.
J'ai eu seize ans cette année.
Je ne sais pas si je vivrai jusqu'à mes dix-huit ans.
Ce n'est pas à moi de décider.
Je ne suis sûr que d'une chose : il me reste peu de temps.
Pendant que les autres enfants grandissent,
Moi, je vieillis.
Pour moi, chaque heure compte comme un jour.
Chaque mois, comme une année.
Aujourd'hui, je suis plus vieux que mon père.
Mon père voit en moi l'homme qu'il sera à quatre-vingts ans.
Je vois en lui l'homme que je ne serai jamais à son âge.
Le futur qui ne sera pas et le passé qui n'a pas été,
Face à face, s'interrogent l'un l'autre :
Seize ans est-il un bon âge pour avoir un enfant ?
Trente-deux est-il un bon âge pour le perdre ?
Mon père me demande ce que j'aimerais être
Si j'avais une seconde chance de naître.
Je voudrais être toi, père !
Pourquoi moi ? il y a mieux, tu ne crois pas ?
J'aimerais renaître à ta place et avoir un enfant comme moi
Pour pouvoir comprendre ce que tu ressens.
J'ai un peu honte de ma réponse.
Mon père pleure.
Ceci est l'histoire de très jeunes parents et de leur très vieil enfant.
Casqués minuscules
Dans la poussière des hommes
Passé désossé.
Le son de la pluie
Occupe l'espace entier
De mes insomnies.
J’ai pris
ton sourire ta bouche et puis tes désirs
J’ai volé
tes mots tes mains et puis ta douce peau
J’ai rangé
tout cela dans un grand sac
Et je suis parti
oubliant tes pleurs
J’ai toujours été
un piètre voleur.