Concision 43
Dans le ciel d'hiver
Flotte un quartier de lune
Silence assourdissant de la nuit.
En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.
Dans le ciel d'hiver
Flotte un quartier de lune
Silence assourdissant de la nuit.
Tel bois mort son corps
disparu dans les flots gris
de mes souvenirs.
Ciel gris d'automne
Feuilles du mûrier jaunies
Mes cheveux blanchissent.
La dernière page refermée, tu demeures là, comme suspendu dans le temps.
Le livre entre les mains, tu voudrais que le voyage dure encore et encore.
Juste se laisser porter par les émotions, laisser courir son imagination, poursuivre l'histoire.
Tu as dû mal à mettre des mots sur ce que tu ressens.
Comment transcrire cet univers ?
Comment dire la sensibilité, la légèreté, l'intensité, la poésie et le tragique d'un roman ?
Il y aurait pourtant tant à dire de la ligne de Marie Deschamps, somptueuse, épurée, sensible. De son art du noir et blanc. De ses touches de couleur, ça et là.
Il y aurait tant à dire de cette construction, de ce graphisme, de la beauté de ces pages.
Il y aurait tant à dire de cette nouvelle collaboration avec Eric Wantiez, de cette capacité à traiter des sujets les plus graves avec délicatesse.
Des touches légères, quelques mots, un récit épuré.
Lumineux.
Vous pouvez offrir ce magnifique roman graphique en le commandant sur la boutique des éditions comme une orange.
N'hésitez pas.
Rivière grise
A la dérive des corps
Évanouis les chants.
De l’arbre arracher la mousse le lierre et l’écorce
Fouiller le sombre ronger le cœur écouter la voix
des ombres
Vouloir dissoudre la mémoire
Griffer le derme oublier les visages les mains et les seins
Étouffer les cris le bruit des bottes et celui des trains
Vouloir ne plus savoir ne plus pouvoir voir
Arracher la mousse le lierre et l’écorce
Vouloir dissoudre la mémoire
Les corps ne plus dénombrer jusqu'au vertige
Fuir les regards et les miroirs
Étouffer les cris les plaintes et les pleurs
Éteindre les braises la chaux et les flammes
Dissoudre la mémoire
Ne plus avoir de mots pour dire l'effroi
Arracher la mousse le lierre et l’écorce
Fouiller le sombre ronger le cœur écouter la voix
des ombres
Vouloir dissoudre la mémoire
Et savoir que cela demeurera
Fouiller le sombre ronger le cœur écouter la voix
des ombres
Dissoudre la mémoire
Savoir avoir toujours su
Et que cela demeurera
Et que cela demeurera
La dernière page de ce roman achevée, je suis resté longtemps comme suspendu dans un ailleurs. Une sensation douce de plaisir, un instant hors du temps.Et puis vient l'envie de relire, de goûter de nouveau des phrases magnifiques, de déguster ce texte épuré, concis et pourtant d'une grande capacité d'évocation, sensible, subtil, d'une grande légèreté.
[Kokoro], court roman de Delphine Roux est de ces livres précieux qui vous font entendre une voix, un souffle. Si le thème n'a rien de nouveau dans la littérature nippone et même si on devine peu à peu l'épilogue, la progression du livre, son écriture, la manière dont on découvre les personnages,et ce qu'ils ressentent, la présence de la nature en font un très beau roman. La construction de ce roman est habile et le rend captivant : chaque court texte a pour titre un mot écrit en japonais et en français. Je ne dévoilerai rien de cette histoire dont Koichi (le narrateur) et sa soeur Seki sont les personnages principaux. Je ne dévoilerai pas la raison du titre. Juste une phrase située dans la première partie du livre - j'aurais pu en citer des dizaines - pour vous donner envie : "Aujourd'hui, je regarde le monde en proximité. Je regarde les autres faire ce que je ne fais pas, ce que je ne fais plus. Voilà."
[Kokoro] de Delphine Roux - Editions Philippe Picquier - collection Japon - 2015.
Murs immaculés
Odeur de bitume chaud
Maquillée la misère.