My Favourite albums : "Passover" by The Black Angels, 2006
Il y a dans cet album une énergie brute qui me ravit toujours. Un ensemble quasi parfait, voix, guitares, batterie, drone machine... Leur meilleur album. Déjà un classique.
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Il y a dans cet album une énergie brute qui me ravit toujours. Un ensemble quasi parfait, voix, guitares, batterie, drone machine... Leur meilleur album. Déjà un classique.
Au petit matin, lorsque la lumière dorée vient caresser le calcaire des murs de la ville, les notes de piano qui ouvrent "The other side" m'accompagnent. Je descends les marches de l'escalier qui surplombe les toits de la ville où je vis. Dans le calme de la cité encore endormie, je prends le temps d'écouter chaque note, chaque inflexion, chaque nuance des instruments et des voix. Accompagnée au chant par Helgi Hrafn Jonsson dans ce titre, Olivia Pedroli me transporte dans cette chanson magistrale. Elle m'avait enchanté avec son album « The Den » paru en 2010. Allait-elle me conquérir de nouveau ?
J'avais suivi sa précédente carrière sous le nom de Lole, de loin, sans vraiment être enthousiasmé. Et puis, ce fut lorsqu'elle reprit son nom que ses chansons me captivèrent.
Premier constat après plusieurs écoutes de ce nouvel opus : contrairement à beaucoup d'artistes telle Agnes Obel, Olivia Pedroli ne livre pas une musique qui se veut séductrice dès la première écoute. Non, "A Thin Line" exige une écoute attentive pour saisir toute la richesse de ses compositions et arrangements. C'est là déjà l'une des grandes qualités du travail de l'artiste (et de la production), ne pas verser dans la reproduction du même, au risque de dérouter, ne pas se contenter des recettes faciles qui garantissent le succès.
Bien évidemment, « This is where it starts », premier titre dévoilé avant la sortie de l'album et bénéficiant d'un clip, séduira peut-être plus par son caractère enlevé. Cependant, il y a des titres qui pourront conquérir dès le premier abord l’auditeur tel le magnifique « The other side » déjà cité. Mais il faut se laisser emporter par des chansons comme la superbe« Silence », la non moins réussie « Guide » ou bien « Birds » (quel début !).
Alors, oui, cet opus n'est pas dans la ligne pop ou folk à la mode, il n'est pas dans l'air du temps, il ne fait pas dans « l'aguicheur » parce que je pense qu'Olivia Pedroli, depuis le premier album paru sous son nom, essaie de tracer peu à peu une voie cohérente sans céder aux effets de mode. Il suffit pour s'en convaincre d'écouter ce qu'elle a réalisé entre temps (musique de film et "Préludes pour un loup"). Il faut prendre son temps pour déguster ce nouvel opus, pour s'abandonner, pour se laisser porter dans cet univers gracieux et délicat. Certains regretteront sa facture trop classique, pourtant cordes, vents, piano, guitare et autres instruments s'accordent parfaitement au travail réalisé sur le chant et les harmonies vocales. C'est un album d'une grande intensité, d'une sensibilité rare. Des chansons servies par des compositions et des arrangements somptueux. Un des nos indispensables 2014, disponible sur la page bandcamp de l'artiste.
Décidément, que je regrette de ne pas vivre en Suisse pour pouvoir l'écouter en concert plus souvent !
Cela fait un bon moment que je suis Alma Forrer et Baptiste W. Hamon. Il est assez étonnant d'entendre d'aussi jeunes gens renouer avec une forme d'écriture en français loin d'être désagréable mais qui me plonge dans une époque passée. C'est évidemment subjectif mais, bien que ces deux jeunes artistes puisent aussi leurs racines dans le folk, ils me font irrémédiablement penser à une partie de ma vie qui est déjà bien lointaine (et à des chanteurs aussi). Leur écoute rime pour moi avec nostalgie : vibrato d'Alma Forrer et cette façon de prononcer les "r" dans certaines chansons.
Ce soir, j'ai envie d'être nostalgique et heureux.
Pour changer un peu de mes habitudes !
Premier entretien publié sur Music, Books & Poems et réalisé avec Clara Engel, auteure-interprète-compositrice canadienne à qui j'avais récemment consacré une chronique intitulée Clara Engel, une artiste sans concessions. Si j'inaugure cette nouvelle rubrique avec Clara Engel, c'est à la fois en raison de son travail artistique mais aussi pour sa position assumée : elle appartient, selon moi, à un cercle restreint de personnes - pas uniquement des artistes - qui ne cèdent pas à n'importe quelle sirène même si il leur en coûte. Clara Engel a choisi de répondre en français à mes questions.
Votre dernier album «Looking-Glass Fire » est paru récemment ? Pourriez-vous parler de sa genèse, du choix du titre et des chansons qui le composent ?
L'album précédent, "Ashes and Tangerines" m'a pris quelques années à finir, à cause des dépenses et plusieurs issues personnelles. Alors, "Looking-Glass Fire" était, en partie, une réaction à cette expérience. Je voulais faire quelque chose de simple, juste moi et la guitare et un minimum d'additions instrumentales (overdubs). Le choix du titre vient de la chanson "Violetta is a Mad Bird" -- " ferry me across the ocean of looking-glass fire/and along the writhing road to paradise". La quête impossible, un motif qui revient dans beaucoup de contes de fées, ça m'intéresse beaucoup, et ça peut fonctionner comme symbole de résilience et de transformation psychique aussi. Ce sont des concepts qui me consument.
Vous êtes déjà l'auteure d'une discographie importante depuis votre première réalisation « Jump Of Flame » en 2004. Il me semble que « The Bethlehem Tapes » y occupe une place particulière. Il y a dans cet album, je pense par exemple à « Accompanied By Dreams » une profondeur et une intensité remarquables dans votre chant et en même temps il me semble que vos compositions y ont une ligne moins torturée, que votre chant y est paradoxalement plus apaisé alors même que certains textes sont des plus sombres. Est-ce dû à la collaboration avec Taylor Galassi au violoncelle ? Les conditions d'enregistrement ou les thèmes de vos textes ont-ils imposé cette forme ?
Je pense que, avec cet album, j'ai réussi à capturer quelque chose un peu plus fragile et qui a l'essence d'un moment particulier dans ma vie. C’était enregistré quand je faisais une tournée (East Coast des États-Unis) et quand je voyage pour faire des spectacles, la plupart des fois, je me sens libérée de mes habitudes, libérée du bagage qu'on amasse juste en étant une personne dans un contexte fixé. Alors, il y a quelque chose qui vole, qui perd ses plumes dans cet enregistrement, si ça fait du sens -- à cause des circonstances d'enregistrement. Et Taylor Galassi est un musicien formidable, il est très polyvalent et comprend à un niveau profond ce que j'essaie de faire avec ma musique.
MB&P s’intéresse aussi à la littérature notamment à la poésie. Quels sont les poètes qui vous ont particulièrement marqué dans votre vie de lectrice ?
Theodore Roethke, Helene Cixous, Paul Celan, Virginia Woolf, Essex Hemphill, Vasko Popa, Rainer Maria Rilke, Tove Jansson, William Blake, Leonie Swann, Georges Bataille, Federico Garcia Lorca, Fernando Pessoa - quelques écrivains/poètes importants pour moi.
Vous êtes auteure-interprète-compositrice mais vous avez aussi d'autres facettes artistiques (le dessin). Pourriez-vous nous parler de cette facette ?
J'aime dessiner, oui. C'est secondaire à ma musique, mais c'est quelque chose qui me donne beaucoup de plaisir. Je suis très occupée avec le processus de mon travail -- le processus du chant est très physique, mais le dessin est plus cérébral et méditatif. Je pense que les deux sont complémentaires.
Je crois que vous n'avez pas de label. Est-ce un choix délibéré ?
J'ai travaillé avec quelques petits labels (boutique labels), actuellement : Backwards Music, Arachnidiscs Recordings et Vox Humana. Mais la plupart de ma discographie j'ai fait indépendamment. Je me sens obligée, dans une manière, à faire mon travail, et la direction créative plus conventionelle me dérange beaucoup. Plusieurs "producers" m'ont approché, avec l'idée de reconstruire mes chansons, de les rendre plus acceptables et conventionnelles -- mais je suis contente de la forme de mes chansons et je ne veux pas les rendre moins étranges. Alors, oui, c'est un choix délibéré. Il y a beaucoup de cliques dans le monde du musique, et beaucoup de "image-making" et sexisme, et je le sens beaucoup dans les réponses à mon travail (et le manque de réponses). Je préfére être étrangère dans le 'scène', être moins connue mais servir mes travaux, pas servir les gouts pop-artistiques du jour.
J'ai récemment consacré un article à votre œuvre musicale. Quelles réactions suscite-t-il de votre part notamment sur la dissonance que vous instillez et qui me semble être l'une des composantes essentielles d'une partie de vos chansons?
J'ai vraiment apprécié votre article - et, oui, je pense que mon idée de beauté embrasse des éléments de dissonance. C'est pas vraiment une geste délibéré, c'est plutôt une préférence très personnelle - les sons et formes trop prévisibles ne m'excitent pas. La poésie que j'aime a des éléments de brutalité et de danger, et pour communiquer ça dans la musique on a besoin d'employer plus que les formes conventionnelles offrent.
Quelle est la question que vous aimeriez que l'on vous pose sur votre travail artistique et que personne ne vous pose jamais ? Quelle réponse donneriez-vous?
Je ne sais pas… je préfère les questions plus spécifiques, et quand la personne qui pose les questions prend du temps à se se familiariser avec ma musique les questions sont invariablement plus intéressantes. J'aime les surprises, alors c'est difficile à répondre à cette question. J'aime les questions que vous me posez dans cette interview, par exemple.
Est-ce qu'une tournée en Europe notamment en France est envisageable?
Si plus de gens achètent ma musique, ça serait envisageable ! Je travaille avec très peu de ressources, alors c'est impossible en ce moment. J'aimerais beaucoup faire une tournée en Europe dans le futur.
Je vous remercie.
Je vous remercie aussi ! C’était un vrai plaisir.
© Music,Books & Poems,2014.
Vous trouverez la quasi-totalité de la discographie de Clara Engel sur sa page Bandcamp et sur son site.
Cette superbe version d'un titre d'Adrian Corker (extrait de l'album Raise, 2013) par la trop discrète mais remarquable Angèle David-Guillou dont j'avais évoqué le dernier album Kourouma paru en 2013 en d'autres lieux.
En téléchargement gratuit.
Voici la première video pour "This is where it starts", la première chanson déjà présentée du nouvel album d'Olivia Pedroli "A Thin Line".
Cela sera l'une de nos futures chroniques de la semaine pour un album très attendu depuis la sortie de "The Den".
J'avais eu l'occasion sur une autre page de signaler la sortie de l'EP puis du premier album éponyme d'Astrid Nora, artiste danoise. Auteure-interprète-compositrice, Astrid Nora a une formation de violoncelliste et, bien évidemment, cela s'entend dans nombre de ses compositions. Mais elle recourt à de nombreux instruments cette fois-ci dont un marxophone. Oui, oui, cela existe, à vous de chercher ! Plusieurs musiciens ont collaboré à ce nouvel opus dont la harpiste Lillian Törnqvist qui a participé entre autres à l'enregistrement des derniers albums d'Oh Land et de Antony and the Johnsons.
Ce nouvel album "Shimmer" est composé de 13 titres dont on retiendra notamment "Shelter", "Hear, Emily Sings", "After All" ou bien encore "Through Fire".