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La dernière page refermée, tu demeures là, comme suspendu dans le temps.
Le livre entre les mains, tu voudrais que le voyage dure encore et encore.
Juste se laisser porter par les émotions, laisser courir son imagination, poursuivre l'histoire.
Tu as dû mal à mettre des mots sur ce que tu ressens.
Comment transcrire cet univers ?
Comment dire la sensibilité, la légèreté, l'intensité, la poésie et le tragique d'un roman ?
Il y aurait pourtant tant à dire de la ligne de Marie Deschamps, somptueuse, épurée, sensible. De son art du noir et blanc. De ses touches de couleur, ça et là.
Il y aurait tant à dire de cette construction, de ce graphisme, de la beauté de ces pages.
Il y aurait tant à dire de cette nouvelle collaboration avec Eric Wantiez, de cette capacité à traiter des sujets les plus graves avec délicatesse.
Des touches légères, quelques mots, un récit épuré.
Lumineux.
Vous pouvez offrir ce magnifique roman graphique en le commandant sur la boutique des éditions comme une orange.
Comme un instant d'apaisement dans le tourbillon de nos vies quotidiennes, ce court et premier roman de HIRAIDE Takashi doit beaucoup à son écriture délicate, aux descriptions de ce jardin d'une ancienne demeure japonaise où un chat va faire irruption dans la vie d'un couple.
L'auteur, considéré comme l'un des plus grands poètes contemporains de son pays, réussit à faire de cette histoire qui pourrait être somme toute banale un moment gracieux, un récit où la légèreté apparente ne peut masquer sa profondeur.
Publié en français en 2004, le livre est disponible en poche chez Picquier.
Le chat qui venait du ciel, HIRAIDE Takashi, traduit du japonais par Elisabeth Suetsugu, collection Picquier poche, 2006.
J'ai déjà eu l'occasion d'évoquer les romans graphiques créés par Marie Deschamps et Eric Wantiez. Un nouveau roman graphique de ces deux auteurs va paraître aux éditions "comme une orange" en mai 2015. Pour soutenir la parution de cet ouvrage, il vous est possible de le pré-commander, ce qui permettra d'aider à financer la fabrication. Les souscripteurs recevront en plus du livre un ex-libris exclusif.
Je ne connais aucun de ces auteurs ni leur éditeur associatif. Je n'ai pas l'habitude de signaler des livres ou disques en contrepartie d'un envoi gratuit ou autre avantage.
Quand on a apprécié les précédentes créations d'auteurs,
quand on connaît un peu les difficultés que la majorité d'entre eux a pour vivre de ses créations,
quand on a envie que des ouvrages de qualité puissent continuer à exister,
alors un acte modeste est facile à effectuer.
Je n'ai pas hésité.
L'ouvrage est en pré-commande sur le site de l'éditeur au prix de 12€ (livraison comprise).
"Les années douces" de KAWAKAMI Hiromi, traduit du japonais par Elisabeth Suetsugu, collection Picquier poche, poche n° 244, 2005.
Où il est question de la rencontre de Tsukiko et de son ancien professeur de japonais, "le maître".
Où il est question de petits riens, de saké et de plats divers qui accompagnent sa consommation.
Où il est question de base-ball, de champignons, de solitude, de rendez-vous et d'amour.
Un roman construit comme une succession de courts récits.
Un roman d'une grande légèreté, d'une grande délicatesse, écrit dans un style qui pourrait paraître simple mais qui peu à peu vous envoûte et vous entraîne à suivre la narratrice jusqu'à la fin de ces années douces
Ceux qui suivent mon blog depuis le début savent combien j'apprécie l’œuvre d'Aki Shimazaki, auteure née au Japon qui a déjà publié deux pentalogies remarquables « Le cycle des secrets » et « Au cœur du Yamato » chez Actes Sud.
Chacun de ses romans écrit en français est l'occasion de plonger dans des histoires qui racontent la vie d'individus avec pour toile de fond la société japonaise. Des histoires, des destins qui se croisent. Ici, il n'y a pas de place pour la profusion dans les descriptions ou les dialogues. Non, juste une écriture précise, épurée ; un style direct, minimaliste pour explorer les apparences ; des histoires narrées dans une forme qui donne l'illusion de la simplicité mais qui exige une écriture proche de celle du haïku, légèreté et concision pour atteindre une profondeur universelle, légèreté et concision qui, la dernière page lue, laisse le lecteur transporté.
Avec « Azami », titre qui prendra tout son sens à lecture de ce court roman et ses deux personnages principaux, Mitsuo et Mitsuko, Aki Shimazaki ouvre magistralement son troisième cycle romanesque.
« Azami » de Aki Shimazaki, Actes Sud, janvier 2015.
« La faculté des rêves » de Sara Stridsberg, traduit du suédois par Jean-Baptiste Coursaud. Stock 2009.
Il est des livres qui vous heurtent, ne vous ménagent pas, qui fouillent le sombre et même si vous avez envie de ne plus les lire, ils reviennent à l'assaut, implacables. La lecture enfin achevée, ils demeurent encore là, vous vous doutez qu'ils resteront sans doute à jamais gravés dans un pan caché de votre mémoire. "Mars" de Fritz Zorn fut l'un des ces livres qui ne me laissa aucun répit. "La faculté des rêves" de la romancière suédoise Sara Stridsberg appartient aussi à cette catégorie : une construction tel un corps démembré, fragments tantôt poétiques, fantasques ou triviaux, texte hétérogène mais extrêmement maîtrisé, texte inventé et non biographique. Le personnage central en est Valerie Solanas, féministe américaine, auteur d'un texte (SCUM Manifesto) appelant à créer une société sans hommes.Connue pour avoir tenté, en 1968, d'assassiner Andy Warhol, elle mourra seule d'une pneumonie dans une chambre d'hôtel vingt ans plus tard. Texte noir, parfois lumineux, parfois insoutenable qui vous emmène aux côtés d'une femme pleine d'énergie, irrémédiablement blessée, intellectuelle, prostituée, à la limite de la folie, féministe, auto-destructrice et au destin tragique. Une fiction poignante. Pour terminer, un entretien de Sara Stridsberg avec Sylvain Bourmeau de Mediapartà l'occasion de la parution de son livre :
« Je suis jeune et riche et cultivé ; et je suis malheureux, névrosé et seul .»
Ainsi s'ouvre « Mars » de Fritz Zorn, récit dont la lecture fut l'une des plus éprouvantes parmi toutes celles que j'ai eu l'occasion d'effectuer en plus de quarante ans.
Texte qui constitue une épreuve pour le lecteur, texte sans ménagement, texte fulgurant, qui, selon l'auteur, n'est pas son autobiographie mais « l'histoire d'une névrose ou, du moins, de certains de ses aspects ».
Mais ce récit ne peut se résumer à son seul contenu. C'est aussi une écriture en parfaite adéquation avec le propos, écriture que la traduction ne semble pas trahir, écriture de la sentence lapidaire, écriture où sous le sens de la formule perce le désespoir, écriture sans atours, acérée, chirurgicale, tranchante comme un scalpel. Écriture qui est l'instrument d'une « vivisection » pour reprendre le terme employé par l'auteur de la remarquable préface - que je recommande de lire après et non avant ce récit.
Il serait inadéquat de détailler le contenu du livre et l'histoire de cet auteur.
Seule la confrontation à l' « ironie tragique » de ce texte permet d'en saisir la portée.
Seule l'expérience radicale de la solitude avec ce texte vaut.
« Mars » de Fritz Zorn, traduit de l'allemand par Gilberte Lambrichs, préface d'Adolf Muschg, Gallimard, 1979. Réédité en collection Folio.
Il est des lectures cruelles mais jubilatoires. Celle du premier ouvrage de Donald Ray Pollock, écrivain américain qui travailla plus de trente ans dans une usine de pâte à papier dans l'Ohio, est de celles-ci. « Knockemstiff », recueil de 18 nouvelles paru initialement en 2010 avant le succès de son premier roman « Le diable, tout le temps » en 2012, se déroule dans un trou perdu de l'Ohio qui donne son titre à l'ouvrage et où l'auteur passa son enfance et sa jeunesse.
Dans un style où excelle le sens de la formule, nous plongeons dans la vie de personnages à la destinée tragique où le comique n'est jamais absent. Les laissés-pour-compte du rêve américain vivent parfois dans des caravanes dézinguées, de vielles voitures posées dans le paysage ou dans des maisons qui vous donneraient la déprime. Certains se nourrissent de tout ce qui convient pour être gras et flasques ; les femmes y sont rarement à leur avantage et sont capables de tous les subterfuges pour se ramener un gars pour la nuit ; les drogues frelatées et l'alcool sont au rendez-vous et ne parviennent jamais à soulager du poids de l'existence. C'est brut, sauvage, ça a un goût de mauvais alcool ou de doughnuts bien gras et sucrés. Il y a des Chevrolet 1959 à ailerons, des Blizzard à s'en faire éclater la panse et du Wild Irish Rose pour les longues nuits au fin fond de l'Ohio. C'est même parfois cradingue, il y a des hommes qui, prisonniers de leur désespoir, se couvrent de leur merde pour masquer leurs illusions. Il y a des femmes battues ou qui abandonnent leur corps parce que, de toute façon, y a plus vraiment d'autre choix. Il y a des draps froids et sales et des nuits glaciales. Il y a des femmes qui s'enfuient vers un ailleurs dont on doute qu'il sera meilleur. Il y a des obsédés, des lâches et des brutaux. Il y a des paumés, des enfants qui rêvent de partir devenus grands mais qui restent collés à ce trou perdu. Il y a des meurtres et des suicides, des papys Alzheimer, des maris qui ne rêvent que de repartir à zéro, des camionneurs speedés, des bouseux et des perdants. Il y a des pères qui ont besoin de se sentir bénis des dieux et des fils qui gagnent amers le dernier round. Il y a la mort qui rôde. Il y a la vie de personnages qu'on rencontre rarement dans la littérature ; il y a parfois, à la fin d'une nouvelle, comme une lueur d'espoir ou bien ça et là un peu de tendresse pour ces hommes et ces femmes qui ont pour seule véritable compagnie la souffrance. Il y a des éclairs d'humanité.
C'est noir, c'est violent, c'est grinçant, c'est féroce, ça vous empêcherait de dormir tranquille, ça vous râpe la langue mais c'est tellement bon !
« Knockemstiff », Donald Ray Pollock, Libretto n°410, 2013. Traduit de l'américain par Philippe Garnier.
Une nouvelle carte postale de mon lieu de villégiature à l'étranger pour vous signaler un roman disponible en poche. Comme le ciel est bien gris en ces contrées où je passe quelques jours de vacances, j'en profite pour dévorer quelques romans dits policiers. En voici un excellent, écrit par Victor Del Arbol. Cela se déroule en Espagne avec des allers-retours entre différentes époques marquées par le franquisme. C'est habile et terrible.
Ce livre est disponible depuis 2013 en poche, collection Babel noir. Traduction de l'espagnol par Claude Bleton.
En cet été qui invite à la flânerie livresque, je vous propose de partir à la (re)découverte d'ouvrages que l'on classe souvent et à tort, selon moi, dans la littérature pour la jeunesse.
Une parenthèse avant de les présenter : si je m'étais contenté de lire les ouvrages recommandés pour la jeunesse, je n'aurais jamais découvert « Les Fleurs du mal » à l'âge de 12 ans, ni dévoré « Le Mur » de Sartre et bien d'autres encore avant que l'on me parle de ces auteurs au collège et au lycée (et malheureusement que l'on m'en écœure parfois...). Tout cela pour recommander à ceux que l'on dénomme des adultes de lire aussi des livres pour la jeunesse.
Cette fois-ci donc, non pas un ouvrage mais plusieurs, dénommés des romans graphiques et dont les auteurs sont Eric Wantiez et Marie Deschamps. Leur collaboration a donné naissance à plusieurs ouvrages Chacun est un pur régal, que ce soit au niveau de l'écriture du texte ou de l'écriture graphique :
« Un secret » où le texte et le dessin se combinent pour nous raconter avec sensibilité et poésie une magnifique histoire qui prend son origine avec un grand-père et son petit-fils : un livre tout en légèreté sur le partage.
"Nino" où l'on appréciera notamment le travail graphique de Marie Deschanps.
« Pierre et Lou » dont le thème classique est traité avec délicatesse.
Je trouve que ces deux auteurs se complètent admirablement l'un et l'autre. Par les mots ou le trait, ils font preuve d'une grande sensibilité pour traiter de thèmes universels.
Un nouveau roman « Le printemps d'Oan » est prévu en 2015.
Les ouvrages sont disponibles aux éditions "Comme une Orange", vous pouvez aussi les commander chez votre libraire. Alors n'hésitez pas, ceux qui peuvent parler du monde avec poésie aux plus petits et plus grands sont de plus en plus rares, il est nécessaire de soutenir leur travail indispensable.
Marie Deschamps a mis aussi en ligne 16 collodions réalisés à partir de son travail sur Le secret et des sérigraphies superbes. C'est par ici : http://mariedeschamps.blogspot.fr/
Elle est aussi l'auteur d'un blog où elle partage des réflexions et des dessins : http://whatmd.blogspot.fr/
Eric Wantiez est lui aussi auteur d'un blog consacré à ses réflexions sur le métier, le travail et la condition d'auteur : http://ericwantiez.blogspot.fr/
"Palomar" est un autre petit bijou offert par Italo Calvino dont j'ai décidé cet été d'évoquer quelques publications. Ce livre composé de 27 textes, structuré en 3 parties (Les vacances de Palomar, Palomar en ville, Les silences de Palomar) est un régal. Une écriture des plus précises, à la fois d'une grande simplicité et extrêmement travaillée. Un humour qui masque parfois le désespoir. Un ouvrage sur le regard, sur le rapport entre un fragment de réalité perçu par ce personnage et sa conscience.
"A la suite d’une série de mésaventures qui ne méritent pas d’être rappelées, monsieur Palomar avait décidé que sa principale activité serait de regarder les choses du dehors."
Livre philosophique mais d'une grande facilité d'accès, Palomar comporte des textes parfois d'à peine trois pages mais qui valent bien plus par leur qualité littéraire et leur portée que plusieurs dizaines de romans.
La verve, l'ironie et l'humour ne sont pas absents de ces textes. Ainsi, "Le sein nu" vous entraînera aux côtés de Palomar sur une plage où une jeune femme prend le soleil les seins nus. Je ne vous dévoilerai pas le titre du dernier texte mais ne peux résister à en citer un court extrait :
"Si le temps doit finir, on peut le décrire, instant après instant, pense Palomar, et chaque instant, quand on le décrit, se dilate à tel point qu'on n'en voit plus la fin."
Pour de sombres raisons de droits, les livres d'Italo Calvino ne sont actuellement pas tous disponibles en commande dans une traduction française. Ils sont de nouveau publiés progressivement chez Gallimard. En attendant, on peut trouver des versions d’occasion ou se rendre en bibliothèque.