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littérature - Page 25

  • La fabrique de textes 1 : suis-je assez clair ?

    e x p l i q u e r

    é c l a i r c i r

    rendre clair donner de la

    c l a r t é

    et si je ne comprenais pas

    ce que précisément j'explique 

    comment expliquer ce que j'explique ?

    l'explication doit cesser

    oui mais la c l a r t é

    suis-je assez clair ?

    lueur OUI lueur

    entrevoir une lueur

    c'est facile à comprendre NON ?

    voir clair

    les faits sont clairs – pour qui ?

    c l a r t é c l a i r

    enfin

    c'est clair comme de l'eau de roche

    c'est clair comme de l'eau de source

    c'est clair comme de l'eau de boudin

    c'est clair comme de

    c'est clair et net

    c'est clair

    NON ? NON ?

    c l a r t é

    clarté cognitive cog ni ti ve COG NI TI VE

    COG NI QUOI

    e x p l i c i t e e x p l i c i t e r

    transparence

    croyance mythe

    c l a r t é OUI mais OUIII

    c l a r t é

    suis-je assez clair ?

  • Books : "La vie à côté" de Mariapia Veladiano

    9782234071780-X.jpg?itok=AmfKDAmHOù il est question de laideur

    Où il est question de secret familial

    Où il est question d'amour

    Où il est question de lâcheté

    Où il est question d'amitié

    Où il est question de silences et de mensonges dévastateurs

    Où il est question de différence et de cruauté

    Où il est question de musique

    Un livre d'une écriture limpide qui, jamais, ne donne envie de s'arrêter

    Un livre avec des écrits poétiques d'une force terrible (impossible de dévoiler leur contenu et la raison de leur apparition à un chapitre du roman)

    Un premier roman remarquable traduit de l'italien en 2013 qui obtint le prix Calvino en Italie.

    "La vie à côté" de Mariapia Veladiano, Traduit de l'italien par Catherine Pierre-Bon, Stock, coll. La Cosmopolite, 2013.

  • Books : A lire ou à relire n°3

    littérature,roman,nouvelles,books,donald ray pollock,knockemstiffIl est des lectures cruelles mais jubilatoires. Celle du premier ouvrage de Donald Ray Pollock, écrivain américain qui travailla plus de trente ans dans une usine de pâte à papier dans l'Ohio, est de celles-ci. « Knockemstiff », recueil de 18 nouvelles paru initialement en 2010 avant le succès de son premier roman « Le diable, tout le temps » en 2012, se déroule dans un trou perdu de l'Ohio qui donne son titre à l'ouvrage et où l'auteur passa son enfance et sa jeunesse.

    Dans un style où excelle le sens de la formule, nous plongeons dans la vie de personnages à la destinée tragique où le comique n'est jamais absent. Les laissés-pour-compte du rêve américain vivent parfois dans des caravanes dézinguées, de vielles voitures posées dans le paysage ou dans des maisons qui vous donneraient la déprime. Certains se nourrissent de tout ce qui convient pour être gras et flasques ; les femmes y sont rarement à leur avantage et sont capables de tous les subterfuges pour se ramener un gars pour la nuit ; les drogues frelatées et l'alcool sont au rendez-vous et ne parviennent jamais à soulager du poids de l'existence. C'est brut, sauvage, ça a un goût de mauvais alcool ou de doughnuts bien gras et sucrés. Il y a des Chevrolet 1959 à ailerons, des Blizzard à s'en faire éclater la panse et du Wild Irish Rose pour les longues nuits au fin fond de l'Ohio. C'est même parfois cradingue, il y a des hommes qui, prisonniers de leur désespoir, se couvrent de leur merde pour masquer leurs illusions. Il y a des femmes battues ou qui abandonnent leur corps parce que, de toute façon, y a plus vraiment d'autre choix. Il y a des draps froids et sales et des nuits glaciales. Il y a des femmes qui s'enfuient vers un ailleurs dont on doute qu'il sera meilleur. Il y a des obsédés, des lâches et des brutaux. Il y a des paumés, des enfants qui rêvent de partir devenus grands mais qui restent collés à ce trou perdu. Il y a des meurtres et des suicides, des papys Alzheimer, des maris qui ne rêvent que de repartir à zéro, des camionneurs speedés, des bouseux et des perdants. Il y a des pères qui ont besoin de se sentir bénis des dieux et des fils qui gagnent amers le dernier round. Il y a la mort qui rôde. Il y a la vie de personnages qu'on rencontre rarement dans la littérature ; il y a parfois, à la fin d'une nouvelle, comme une lueur d'espoir ou bien ça et là un peu de tendresse pour ces hommes et ces femmes qui ont pour seule véritable compagnie la souffrance. Il y a des éclairs d'humanité.

    C'est noir, c'est violent, c'est grinçant, c'est féroce, ça vous empêcherait de dormir tranquille, ça vous râpe la langue mais c'est tellement bon !

     « Knockemstiff », Donald Ray Pollock, Libretto n°410, 2013. Traduit de l'américain par Philippe Garnier.