un autre semblable
dans le miroir blafard
j’ai croisé le regard
d’un homme hagard
assis sur le lit
où s’étaient aimés
un homme et une femme.
dans le miroir blafard
j’ai croisé le regard
d’un homme hagard
il me ressemblait
étrangement
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dans le miroir blafard
j’ai croisé le regard
d’un homme hagard
assis sur le lit
où s’étaient aimés
un homme et une femme.
dans le miroir blafard
j’ai croisé le regard
d’un homme hagard
il me ressemblait
étrangement
Je suis né
passager clandestin de la vie
s’étire blessure infinie du temps où
les visages s’estompent des cinq facettes
du miroir clandestin passager
d’un monde obscur de souvenirs
je n’ai
qu’une déchirure
sur le quai d’une gare
quelque part dans ma chair
le mal se terre
à ronger
le bois de ma mémoire.
Avant que
tes yeux s'éteignent
caressé tes cheveux ton front et puis ta joue
serré ta main embrassé ta peau
rêche
murmuré des mots plus doux que
le duvet des pêches
Ce matin
dans la bouche
comme un goût de cendres.
au coin d’une rue j’ai croisé
un homme qui marchait
qui marchait à grands pas pressés
il tenait trois roses rouges à la main
trois roses rouges sang
de temps en temps
d’un geste élégant
il relevait une mèche rebelle
j’ai suivi l’homme qui marchait
à grands pas pressés
je l’ai suivi
au coin d’une rue
sur le trottoir d’en face
une femme l’attendait
elle était belle et souriait
au coin d’une rue
j’ai laissé l’homme marcher
à grands pas pressés vers son destin
trois roses rouges sang à la main
quand il a traversé
une voiture l’a renversé.
Patiemment
Silencieusement
Insidieusement
Inexorablement
Tapies dans mes tissus pulmonaires
De minuscules bulles d'air
Attendent d’exploser.
A ton regard qui se perd
l'incertain
ce bras cette main cette peau
si claire
cette chair palpée molle sous
les doigts
à qui est ce corps épars
tu ne sais
Ton ventre – est-ce ton ventre ?
te brûle de mille maux
te tiraille de mille désirs
à tes lèvres se bousculent les mots
irruption incandescente
Partout les bêtes fourmillent dans la terre
que tu fouilles
à tes mains sous tes ongles
la matière agglutinée
brune répulsion
où tes pensées s'égarent
et ces voix qui résonnent
dans l'immensité de ta solitude
qui sont-elles ?
résurgences d'un passé oublié
ombres menaçantes sirènes mortifères ?
Dévastée
dans ce monde terrifiant
ton regard se perd
tu t'échappes
murée en de lointaines contrées
où nul ne peut t'effrayer
les lèvres closes
les yeux fermés
comme gisant de pierre blanche
Dans mes dérives nocturnes
à tes foulées les blés se courbent
et ton sourire embrase le ciel
tu ris tu cours
ton prénom est celui d'une déesse
mais déjà
ton regard se perd
mais déjà
ton regard se perd.
Ceux qui lisent de temps en temps ce blog savent que la littérature japonaise est l'une de celles qui m'intéresse particulièrement. Au fil de mes errances, j'ai découvert « Cheveux emmêlés » de Yosano Akiko, attiré par le titre de cet ouvrage et le nom de l'auteure. Le premier texte parcouru rapidement m'a tout de suite donné envie de poursuivre la lecture :
« Rideau de la nuit
Où s'épuisent les murmures
Dans les étoiles
Tandis qu'ici-bas les hommes
Ont les cheveux en broussaille. »
Passion, sensibilité, amour, sensualité traversent les textes qui, par leur genre poétique (tanka, en 5 vers et 31 syllabes), sont d'une pureté à vous laisser rêveur, le livre ouvert, les yeux perdus, dans un doux ravissement :
« Court est le printemps,
Qu'y a-t-il dans la vie
Qui soit immortel ?
Et j'autorisai sa main
Sur la rondeur de mes seins. »
Publié en 1901, ce recueil de 399 textes est considéré comme une œuvre capitale du romantisme japonais.
« Cheveux emmêlés », YOSANA Akiko, Les Belles Lettres, 2010.
Loin très loin à l'Est
La plainte aiguë des sirènes
Je compte mes pas.