Album of the Month : "Designer" by Aldous Harding
Depuis son premier et superbe album découvert en vinyle bien avant sa parution en France, je suis avec attention Aldous Harding. La voici de retour avec un troisième opus "Designer". Je suis rarement intéressé et encore moins convaincu par la lecture des critiques d'albums publiés ça et là et c'est le cas encore cette fois-ci. Déconcertant à la première écoute, force est d'admettre que ce nouvel album s'impose peu à peu comme un nouveau pas dans la voie tracée par l'artiste. C'est peut-être le troisième titre "Zoo Eyes" par le choix du contraste vocal qui m'a littéralement accroché à la seconde écoute. Ce que j'attends d'un artiste n'est pas la répétition du même ou la nouveauté à tout prix quitte à se perdre dans les affres du son à la mode, des arrangements convenus ou des thèmes dans l'air du temps. Ce que j'attends, c'est qu'il se dégage un "quelque chose" qui n'est pas de l'ordre de l'attendu et qui témoigne d'une "personnalité", que "quelque chose" entre en résonance sans que l'on sache vraiment quelles en sont les raisons, sans avoir besoin de "théoriser" même si je sais bien que les producteurs emploient bien souvent de multiples ficelles. En cela, le dernier album d'Aldous Harding témoigne d'un engagement à tracer un chemin sans céder à tous les artifices qui en auraient assuré un succès facile. La majestueuse "Damm" - qui ose encore écrire un titre de plus de 6 min à part Manset et quelques autres - ou la somptueuse "Pilot" qui clôture l'opus témoignent de cela. Et que dire de cette chanson "Weight of the Planets" qui s'étire sur près de 5 min en ayant peu de chance de passer dans les médias ou de "Heaven is Empty" et son interprétation magistrale dans un quasi-dépouillement musical ! Ce sont peut-être ces titres en premier lieu qui, à mes yeux, font que cet album est de ceux qui figurent dans mes choix de ces dernières semaines.