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Rares sont les reprises qui offrent une interprétation, une vision d'un titre. Le risque est toujours de tomber dans la pâle reproduction, caricature de l'original, ou de proposer une version qui veut tellement se distinguer qu'elle en perd l'essence même de l'original. Les deux versions que nous propose La Féline d'un des plus célèbres titres de Manset n'appartiennent à aucune de ces catégories. L'exercice de s'attaquer aux créations de Manset est rarement réussi. Une des plus belles réussites fut sans doute celle de Brigitte Fontaine quand elle délivra une version décapante de "On ne tue pas son prochain".
Agnès Gayraud en collaboration avec Mondkopf propose deux interprétations de "Comme un guerrier" qui, chacune, apporte une dimension nouvelle à cette chanson parue sur "Comme Un Guerrier / L'Enfant Qui Vole" en 1982. Lors des premières écoutes, je fus rapidement séduit par la version II mais, au fur et à mesure, les deux m'ont paru être des alternatives aussi intéressantes l'une que l'autre. A vous de découvrir et d'apprécier.
L' EP ne se réduit pas à ces deux reprises, deux autres titres, fruits d'une collaboration avec Laetitia Sadier, font que l'ensemble est l'un de mes EP préférés de cette année 2017.
Qu'ajouter de plus aux chroniques déjà parues avant même la sortie officielle de l'album « Adieu l'enfance » de La Féline ?
Un album en écoute en avant-première sur le site des Inrocks. Des textes élogieux dans plusieurs blogs spécialisés. Un premier succès critique en attendant que cet opus rencontre peut-être une écoute plus large que les premiers EP. Qu'ajouter ?
J'ai pré-commandé l'album en version digitale, acheté, oui. Donner et recevoir.
J'ai attendu ce matin, un matin frais de cette fin d'octobre. Le ciel était d'un bleu presque trop pur, j'ai calé les écouteurs de mon casque, cliqué sur la touche play de ma machine où j'avais stocké les fichiers à la première heure. J'ai parcouru lentement la venelle qui conduit à l'esplanade où la ville s'offre au regard.
Je ne sais si c'est en raison de ce matin d'automne presque trop beau mais j'ai ressenti comme un instant de plénitude sereine. Il y avait quelque chose de l'ordre du cristallin qui parcourait mes synapses.s'emparait de mes neurones.
Les mots de La Féline, les sonorités de La Féline.
Je ne sais rien d'Agnès Gayraud si ce n'est ce que livrent quelques blogs et cela n'a guère d'importance. Je n'ai que les chansons qu'elle nous délivre avec ses complices et c'est bien comme ça.
Certains, plus experts, plus savants, parleront d'influences, de coldwave, de dream pop. Je crois simplement qu'elle a trouvé son alchimie entre sonorités et textes, une ligne claire et épurée où chaque mot, chaque son a sa place d'existence. Un geste, une intention, un mouvement. Beauté du geste.
Ce qui est peut-être le plus convaincant dans cet album, c'est cet assemblage de délicatesse et de fragilité, cet arc tendu du texte, cette légèreté dans la profondeur, ces compositions qui donnent une sensation de pureté presque froide et ce chant qui laisse la sensibilité percer. Ces chansons sont des cristaux qui fondent peu à peu à l'écoute pour délivrer des émotions avec retenue comme pour masquer une sensibilité exacerbée.Une ligne, claire, épurée. Beauté du trait.
Et puis il ne faut pas oublier les complices dont Xavier Thiry qui a réalisé les arrangements remarquables.Sensation de simplicité. Subtilité des assemblages.
Alors, évidemment, certaines des chansons de cet opus ont ma préférence mais je vous laisse le soin de la découverte. Je vous laisse avec La Féline et son univers, là où les larmes sur les joues creusent des rivières, là où les rois devant leur armée tombent à genoux, la où les silences sont égyptiens.