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A lire ou à relire - Page 3

  • Books : Deux polars, deux héros récurrents Charlie Resnick et Erik Winter

    Je n'avais pas signalé de romans depuis bien longtemps. Non pas que je ne lise plus. Non. Juste une question de temps. Deux polars donc, avec deux héros récurrents. L'un vit à Nottingham, l'autre en Suède. Resnick et Winter, deux policiers amateurs de jazz. Deux séries où les questions de société ne sont jamais absentes.

    Avec une mention particulière pour "Ténèbres, Ténèbres" de John Harvey qui clôt les aventures de son inspecteur Charlie Resnick, personnage attachant, épris de justice, souvent désabusé.

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  • Books : [Kokoro] Delphine Roux

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    La dernière page de ce roman achevée, je suis resté longtemps comme suspendu dans un ailleurs. Une sensation douce de plaisir, un instant hors du temps.Et puis vient l'envie de relire, de goûter de nouveau des phrases magnifiques, de déguster ce texte épuré, concis et pourtant d'une grande capacité d'évocation, sensible, subtil, d'une grande légèreté.

    [Kokoro], court roman de Delphine Roux est de ces livres précieux qui vous font entendre une voix, un souffle. Si le thème n'a rien de nouveau dans la littérature nippone et même si on devine peu à peu l'épilogue, la progression du livre, son écriture, la manière dont on découvre les personnages,et ce qu'ils ressentent, la présence de la nature en font un très beau roman. La construction de ce roman est habile et le rend captivant : chaque court texte a pour titre un mot écrit en japonais et en français. Je ne dévoilerai rien de cette histoire dont Koichi (le narrateur) et sa soeur Seki sont les personnages principaux. Je ne dévoilerai pas la raison du titre. Juste une phrase située dans la première partie du livre - j'aurais pu en citer des dizaines - pour vous donner envie : "Aujourd'hui, je regarde le monde en proximité. Je regarde les autres faire ce que je ne fais pas, ce que je ne fais plus. Voilà."

    [Kokoro] de Delphine Roux - Editions Philippe Picquier - collection Japon - 2015.

  • Postcard 4 : Books & Poems "L'anniversaire de la salade" TAWARA Machi

    poème,poésie,tanka,littérature,machi tawaraEn 1987, le recueil de tankas "L'anniversaire de la Salade" est publié au Japon et rencontre un succès inattendu pour un premier ouvrage de poésie. Machi TAWARA a, depuis ce premier ouvrage, publié d'autres recueils de tankas. Cet ouvrage est disponible à un prix modique dans la collection poche des Éditions Philippe Picquier, incontournable éditeur pour qui s'intéresse à la littérature japonaise. La traduction de l'ouvrage a été réalisée par Yves-Marie Allioux.

  • Books : à lire ou à relire n°9, "Le chat qui venait du ciel" de HIRAIDE Takashi

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    Comme un instant d'apaisement dans le tourbillon de nos vies quotidiennes, ce court et premier roman de HIRAIDE Takashi doit beaucoup à son écriture délicate, aux descriptions de ce jardin d'une ancienne demeure japonaise où un chat va faire irruption dans la vie d'un couple. 

    L'auteur, considéré comme l'un des plus grands poètes contemporains de son pays, réussit à faire de cette histoire qui pourrait être somme toute banale un moment gracieux, un récit où la légèreté apparente ne peut masquer sa profondeur. 

    Publié en français en 2004, le livre est disponible en poche chez Picquier.

    Le chat qui venait du ciel, HIRAIDE Takashi, traduit du japonais par Elisabeth Suetsugu, collection Picquier poche, 2006.

     

     

  • Books : à lire ou à relire n°8, "Les années douces" de KAWAKAMI Hiromi

    litérature,roman,livre,books,kawakami hiromi,les années douces"Les années douces" de KAWAKAMI Hiromi, traduit du japonais par Elisabeth Suetsugu, collection Picquier poche, poche n° 244, 2005.

    Où il est question de la rencontre de Tsukiko et de son ancien professeur de japonais, "le maître".

    Où il est question de petits riens, de saké et de plats divers qui accompagnent sa consommation.

    Où il est question de base-ball, de champignons, de solitude, de rendez-vous et d'amour.

    Un roman construit comme une succession de courts récits.

    Un roman d'une grande légèreté, d'une grande délicatesse, écrit dans un style qui pourrait paraître simple mais qui peu à peu vous envoûte et vous entraîne à suivre la narratrice jusqu'à la fin de ces années douces

    Des dernières pages magnifiques.

  • Books : A lire ou à relire n°7

    litérature,roman,livre,books,sara stridsberg,la faculté des rêves« La faculté des rêves » de Sara Stridsberg, traduit du suédois par Jean-Baptiste Coursaud. Stock 2009.

    Il est des livres qui vous heurtent, ne vous ménagent pas, qui fouillent le sombre et même si vous avez envie de ne plus les lire, ils reviennent à l'assaut, implacables. La lecture enfin achevée, ils demeurent encore là, vous vous doutez qu'ils resteront sans doute à jamais gravés dans un pan caché de votre mémoire.
    "Mars" de Fritz Zorn fut l'un des ces livres qui ne me laissa aucun répit. "La faculté des rêves" de la romancière suédoise Sara Stridsberg appartient aussi à cette catégorie : une construction tel un corps démembré, fragments tantôt poétiques, fantasques ou triviaux, texte hétérogène mais extrêmement maîtrisé, texte inventé et non biographique.
    Le personnage central en est Valerie Solanas, féministe améri­caine, auteur d'un texte (SCUM Manifesto) appelant à créer une société sans hommes.Connue pour avoir tenté, en 1968, d'assassiner Andy Warhol, elle mourra seule d'une pneumonie dans une chambre d'hôtel vingt ans plus tard.
    Texte noir, parfois lumineux, parfois insoutenable qui vous emmène aux côtés d'une femme pleine d'énergie, irrémédiablement blessée, intellectuelle, prostituée, à la limite de la folie, féministe, auto-destructrice et au destin tragique. Une fiction poignante.
    Pour terminer, un entretien de Sara Stridsberg avec Sylvain
    Bourmeau de Mediapart à l'occasion de la parution de son livre :


    Sara Stridsberg, La Faculté des rêves (Mediapart) par Mediapart

  • A lire ou à relire n°5

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    « Je suis jeune et riche et cultivé ; et je suis malheureux, névrosé et seul .»

    Ainsi s'ouvre « Mars » de Fritz Zorn, récit dont la lecture fut l'une des plus éprouvantes parmi toutes celles que j'ai eu l'occasion d'effectuer en plus de quarante ans.

    Texte qui constitue une épreuve pour le lecteur, texte sans ménagement, texte fulgurant, qui, selon l'auteur, n'est pas son autobiographie mais « l'histoire d'une névrose ou, du moins, de certains de ses aspects ».

    Mais ce récit ne peut se résumer à son seul contenu. C'est aussi une écriture en parfaite adéquation avec le propos, écriture que la traduction ne semble pas trahir, écriture de la sentence lapidaire, écriture où sous le sens de la formule perce le désespoir, écriture sans atours, acérée, chirurgicale, tranchante comme un scalpel. Écriture qui est l'instrument d'une « vivisection » pour reprendre le terme employé par l'auteur de la remarquable préface - que je recommande de lire après et non avant ce récit.

    Il serait inadéquat de détailler le contenu du livre et l'histoire de cet auteur.

    Seule la confrontation à l' « ironie tragique » de ce texte permet d'en saisir la portée.

    Seule l'expérience radicale de la solitude avec ce texte vaut.

    « Mars » de Fritz Zorn, traduit de l'allemand par Gilberte Lambrichs, préface d'Adolf Muschg, Gallimard, 1979. Réédité en collection Folio.

  • Books : A lire ou à relire n°3

    littérature,roman,nouvelles,books,donald ray pollock,knockemstiffIl est des lectures cruelles mais jubilatoires. Celle du premier ouvrage de Donald Ray Pollock, écrivain américain qui travailla plus de trente ans dans une usine de pâte à papier dans l'Ohio, est de celles-ci. « Knockemstiff », recueil de 18 nouvelles paru initialement en 2010 avant le succès de son premier roman « Le diable, tout le temps » en 2012, se déroule dans un trou perdu de l'Ohio qui donne son titre à l'ouvrage et où l'auteur passa son enfance et sa jeunesse.

    Dans un style où excelle le sens de la formule, nous plongeons dans la vie de personnages à la destinée tragique où le comique n'est jamais absent. Les laissés-pour-compte du rêve américain vivent parfois dans des caravanes dézinguées, de vielles voitures posées dans le paysage ou dans des maisons qui vous donneraient la déprime. Certains se nourrissent de tout ce qui convient pour être gras et flasques ; les femmes y sont rarement à leur avantage et sont capables de tous les subterfuges pour se ramener un gars pour la nuit ; les drogues frelatées et l'alcool sont au rendez-vous et ne parviennent jamais à soulager du poids de l'existence. C'est brut, sauvage, ça a un goût de mauvais alcool ou de doughnuts bien gras et sucrés. Il y a des Chevrolet 1959 à ailerons, des Blizzard à s'en faire éclater la panse et du Wild Irish Rose pour les longues nuits au fin fond de l'Ohio. C'est même parfois cradingue, il y a des hommes qui, prisonniers de leur désespoir, se couvrent de leur merde pour masquer leurs illusions. Il y a des femmes battues ou qui abandonnent leur corps parce que, de toute façon, y a plus vraiment d'autre choix. Il y a des draps froids et sales et des nuits glaciales. Il y a des femmes qui s'enfuient vers un ailleurs dont on doute qu'il sera meilleur. Il y a des obsédés, des lâches et des brutaux. Il y a des paumés, des enfants qui rêvent de partir devenus grands mais qui restent collés à ce trou perdu. Il y a des meurtres et des suicides, des papys Alzheimer, des maris qui ne rêvent que de repartir à zéro, des camionneurs speedés, des bouseux et des perdants. Il y a des pères qui ont besoin de se sentir bénis des dieux et des fils qui gagnent amers le dernier round. Il y a la mort qui rôde. Il y a la vie de personnages qu'on rencontre rarement dans la littérature ; il y a parfois, à la fin d'une nouvelle, comme une lueur d'espoir ou bien ça et là un peu de tendresse pour ces hommes et ces femmes qui ont pour seule véritable compagnie la souffrance. Il y a des éclairs d'humanité.

    C'est noir, c'est violent, c'est grinçant, c'est féroce, ça vous empêcherait de dormir tranquille, ça vous râpe la langue mais c'est tellement bon !

     « Knockemstiff », Donald Ray Pollock, Libretto n°410, 2013. Traduit de l'américain par Philippe Garnier.