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Il ne faut que quelques secondes pour tomber sous le charme de "Don't Fade" chanté magnifiquement par Rachel Sermani sur son second album "Tied to the Moon".
Mais cet album recèle d'autres instants aussi somptueux telle "Ferryman". Rachel Sermani nous délivre ses histoires de sa voix chaude sur des arrangements délicats. Elle s'offre un agréable duo sur "Banks Are Broken". Les titres où les guitares se font plus saturées montrent que ce choix se marie fort bien avec sa voix comme le prouve l'excellent "I've Got A Girl". Il faut prendre le temps d'écouter cet opus qui est une des plus belles surprises de ce mois de juillet. Un album de confirmation pour cette artiste qui nous vient d’Écosse.
Il est parfois difficile de mettre en mots ce que l'on peut ressentir à l'écoute d'albums que je qualifie de radicaux, de l'ordre du tout ou rien.
"Leaving Room" est l'un de ceux-ci.
Ouvert magistralement par un texte de Yeats sur une musique composée par Laure Brisa, l'opus met immédiatement l'auditeur en demeure.
S'immerger, se plonger dans ces abîmes envoûtants.
Ici, nulle flatterie, nul effet racoleur, pas de superflu.
Le lieu ne souffre pas la complaisance.
Ici, chaque note, chaque arrangement, chaque inflexion de la voix, chaque mot, chaque instrument, chaque son de machine s'inscrit dans un tout, une intention, un regard sur le monde.
Tous délicatement, subtilement assemblés dans leur singularité, entrelacés pour composer ce tout.
Un tissage d'artisan.
Une faiseuse d'atmosphères, une conteuse, une sculpteure de sonorités.
Laure Brisa est une sorcière qui nous emporte dans son univers. Une sorcière entourée d'autres sorciers dont Guillaume de la Villéon à la réalisation.
Une recherche, me semble-t-il, même si leur style n'est pas comparable, que l'on retrouve chez d'autres artistes déjà présentés en cet espace - Bastien Lallemant, Gisèle Pape, Cheval Blanc, Orso Jesenska et tant d'autres...- d'une couleur, de la justesse.
On pourrait être tenté, au vu du parcours de formation musicale de Laure Brisa, par une écoute analytique de son album. Je ne suis pas persuadé que cela apporterait quelque chose. Il suffit de prendre le risque d'accepter d'écouter et de se laisser porter. Comment résister à "La louve", "Ophélia" ou à ce titre dont les paroles sont d'Helena Canosa !
Une fois n'est pas coutume, c'est une compilation qui figure déjà dans mes albums du mois de juin. C'est la première de WALDEN qui se définit comme un label poétique, aquatique et bucolique.
Douze chansons figurent sur l'album disponible en version digitale et difficile de choisir l'une plus que l'autre tellement les artistes réunis nous proposent ici de bien belles choses. La plupart d'entre eux ont déjà été signalés à un moment ou un autre dans MB&P.
Réunis dans cette belle compilation, on aura donc le plaisir d'écouter de nouveau Fantôme, Nesles, Fredda, Pagan Poetry, Orso Jesenska, Maud Octallinn, Oh ! Oui..., My Concubine, Delmar, Midget !, Facteurs Chevaux et Pauline Drand avec une chanson inédite "Aéroport".
La compilation est en name your price sur bandcamp.
Parfois en quelques secondes, une chanson s'impose comme une évidence, un instant parfait, une alchimie merveilleuse entre paroles, interprétation, arrangements musicaux. Une chanson qui pourrait traverser les ans en gardant intacte la première émotion qu'elle vous a procuré. C'est le cas avec "Slow moving dreams", titre somptueux qui figure sur le quatrième opus de The Wooden Wolf.
Mais cette chanson bénéficiant d'une très belle mise en images n'est pas la seule à vous donner des frissons. Ainsi "Gone with the rain", "Where are you now", "Morning sun" sont autant de véritables bijoux. L'apport du violoncelle sur plusieurs chansons contribue à créer cette couleur où le chant d'Alex Keiling vient servir ses textes. Chaque titre vaut une écoute attentive à l'instar de "Thieves in the trees" qui clôt magnifiquement cet album (continuer l'écoute jusqu'à 9'11 !)
"Moonlight Serenades" démontre - y--t-il nécessité de le démontrer depuis la parution du premier album ? qu'Alex Keiling propose une folk somptueuse. Nul n'est besoin de profusions d'arrangements et de technologies pour créer des chansons qui captivent l'auditeur par leur intensité.
Vous pouvez vous procurer cet album que je vous recommande sur la page bandcamp de l'artiste.
J'espère que vous ne vous offusquerez pas du terme Mademoiselle. Voyez-y plus une marque de respect qu'une marque de condescendance. Et puis le terme vous sied plus que celui de Madame à mes yeux. Il me semble correspondre à cette grâce lumineuse, fragile et délicate dont vos chansons sont porteuses.
Hier matin, j'ai découvert dans ma boîte aux lettres une enveloppe. Il y avait à son dos en lettres noires écrites à la main votre prénom, votre nom et une adresse. J'ai alors compris qu'il s'agissait de votre disque que je n'attendais pas si tôt. Je ne sais si c'est vous qui avez tracé toutes ces lettres. J'ai plaisir à le croire, à vous imaginer rédiger pour chacun de ceux qui vous ont soutenu ces quelques mots sur une carte. J'ai plaisir à vous imaginer, appliquée, concentrée, préparant l'expédition un peu partout en France de ce qui se veut être la préfiguration d'un album à venir. Un huit titres qui réunira des personnes qui ne se connaissent pas et qui ne se rencontreront probablement jamais pour la plupart d'entre elles. Un huit titres accompagné de ce livret à tirage limité qui annonce une belle suite.
J'avais déjà écouté certaines de ces chansons. J'avais été sensible à leur écriture et à votre voix, votre diction. Il y a - y compris dans celles qui sont les plus graves - une légèreté que j'apprécie et puis votre chant dégage une forme de sérénité qui m'apaise. Vous m'aviez déjà conquis avec "Pont Neuf" et "Émilie Sait". Et que dire de celle qui clôture cet opus : "Aux Jours De Juillet". Je vous jalouse Mademoiselle, oui, j'aurais aimé écrire des chansons comme celles-ci et bien d'autres aussi. Vous m'aviez déjà conquis et vous récidivez Mademoiselle. Alors que vous souhaiter après ce premier opus ? Restez comme vous êtes Mademoiselle, gardez cette sincérité et ne vous laissez pas emporter par le vent méchant d'une production qui viendrait faner les fleurs délicates de cerisier que vous chantez si bien.
Au plaisir d'écouter bientôt vos nouvelles chansons.
Play B.
Ce Double EP sera disponible en version digitale fin avril.
La pluie colle à tes pas, tu ouvres ta boîte à lettres et tu découvres un emballage de carton qui te laisse penser qu'il est enfin arrivé ce vinyle que tu attendais.
Tu remontes l'allée comme un peu plus léger, un peu comme quand enfant tu étais impatient d'ouvrir un cadeau. Installé maintenant à l'abri, tu tranches l'adhésif et tu le regardes longtemps avant de retirer le film qui le protège. Tu le retournes, tu l'observes, tu l'effleures, tu l'apprivoises, tu le détailles, tu parcours les textes, tu prends le temps avant de le poser pour écouter.
Depuis des semaines tout aurait été déjà dit ?
Depuis des semaines tout aurait été déjà écrit ?
Sûrement, par des chroniqueurs bien plus habiles et experts que toi. Et puis son auteur n'a-t-il pas déjà répondu à de nombreuses questions dans plusieurs entretiens.
Qu'ajouter à tout cela ? Rien ou si peu.
Pour quelle(s) raison(s) avoir soutenu bien modestement la sortie de cet album sur microcultures ?
Sans doute, pour des sonorités écoutées dans un des titres, pour quelques notes de guitare posées ça et là, pour des paroles et des sens générés qui ne sont pas nécessairement ceux que l'auteur a pu penser - le sens de leurs textes n'échappent-ils pas à leurs auteurs ?
Sans doute parce que, confusément, sans rationalité aucune, sans analyse quelconque, il t'a semblé que ce disque pourrait être comme d'autres - ceux de Cheval Blanc, Bastien Lallemant ou Pain Noir pour ne citer que les plus récents - un compagnon.
Voilà, c'est peut-être cela qui est à écrire, c'est peut-être cela qui est le plus important. Un compagnon comme certains romans, certains poèmes, certains films, certaines pièces chorégraphiques et toute autre chose qui t'accompagne dans ta vie en ce monde. Un compagnon qui te dit quelque chose de ce monde où tu vis, où nous vivons. Un compagnon que tu peux abandonner durant des mois, des années mais que tu retrouveras avec plaisir, qui te surprendra encore.
C'est peut-être cela qui est à écrire plus que de vouloir tenter d'analyser chaque titre, chaque texte, chaque arrangement. Un compagnon certes mais parce que des femmes et des hommes - qu'ils écrivent, chantent, composent, interprètent, jouent - ont réussi à créer cette alchimie, ce moment rare, cet instant tremblant, ce mariage délicat, cet équilibre gracieux qui te transporte. Ces femmes et hommes, vous pourrez lire leur nom écrit sur ce qui fait office de livret.
Qu'écrire alors si tout avait été déjà écrit ?
Simplement dire à Orso Jesenska et à tous ceux qui ont contribué à faire en sorte que nous recevions cet album que nous voulons aussi qu'ils reçoivent ce que nous pouvons leur donner : qu'ils sachent combien nous sommes heureux qu'ils nous offrent ces instants.
Donner et recevoir. Recevoir et donner.
Effacer la mer :
Face A : Un parfum - Paroles - Et nous encore vivants - Effacer la mer - Vivre, en Somme - Le Vent
Face B : Exilés - Tempête - Apaisement - Les vrilles de la vigne - A pas lents - Palabras para Julia - L'ombre descend
Les jours allongent peu à peu, le printemps approche, le paysage se fait moins sombre. J'aime les variations de lumière de ces instants, un entre-deux, un entre-jeu, pas de soleil qui vous écrase, pas de ciel définitivement voilé de gris qui vous déprime. De temps en temps, une douce averse, et puis, soudain, la chaleur du soleil sur la peau, la lumière dorée sur les murs de calcaire. Et mes pas dans l'ombre allongée du clocher qui domine la ville.
D'ombres, il est aussi question dans les chansons du nouvel album de Bastien Lallemant. Et d'amour aussi.
D'amour qui s'achève, d'amour disparu, d'amour qui se déchire, d'amour que l'on attend longuement.
De perte, d'absence et de longue nuit.
Mais cet album au livret paré de noir et de blanc est aussi inondé de lumineuse beauté, de mots habilement mariés, de compositions subtiles et élégantes.
Elégance, oui c'est l'un des qualificatifs qui s'est imposé rapidement à l'écoute de ce disque. Il y a une alchimie parfaite, quasi miraculeuse entre les paroles, les arrangements musicaux et l'interprétation proposée par Bastien Lallemant. Des chansons envoutantes, des moments magiques, des clairs-obscurs obsédants : "Un million d'années", "Les ombres", "Longue nuit", "L'attente".
Cet album est celui d'un artisan des mots, des mélodies, des atmosphères. Un artisan entouré de compagnons qu'ils soient aux instruments ou à la réalisation, avec des invités comme dans les repas de mon enfance où il faisait bon de partager.
Comme pour les albums de Jérôme Suzat (Cheval Blanc) ou d'Orso Jesenska, il m'est impossible d'imaginer les chansons de Bastien Lallemant chantées par un autre que lui, de penser pouvoir les écouter dans une version qui ne serait pas respectueuse de ces subtils arrangements, de ces suspensions dans le texte chanté. C'est parce qu'on a là ce que j'appelle - peut-être maladroitement - de "grandes chansons", des chansons dont le son, la couleur, les ambiances qu'elles créent ne peuvent que très difficilement être reproduits par d'autres. De grandes et belles chansons comme celles déjà citées et d'autres encore : "Un fils de Dieu", "Au loin la côte".
Un régal, un grand album, un compagnon de route, un compagnon de soirée quand le soleil se couche, quand dans le ciel les étoiles vont scintiller.
Au risque de surprendre certains des lecteurs de ce blog, depuis ses débuts enchanteurs en 2007 avec son premier album éponyme qu'elle reprendra dans une version piano-voix, j'attends chaque disque de Susanne Sundfør, auteure-compositrice-interprète, avec impatience.
Cette artiste norvégienne me surprend toujours en variant le style de chacun de ses albums, ne s'arrêtant jamais à une forme qu'elle pourrait reproduire. Cette fois-ci, elle a décidé de consacrer son nouvel opus au thème de l'amour et propose dix chansons comme l'indique le titre.
Deux singles « Fade Away » et « Delirious » semblaient annoncer un tournant radicalement pop parfois teinté de disco. Mais l'album ne peut être réduit à ces deux titres, il comporte des compositions bien plus variées qu'on pouvait le croire. L'artiste dont l'instrument de prédilection est devenu le Fender Rhodes, démontre une capacité décapante de recherche de sons et une maîtrise des arrangements en faisant preuve d'une grande liberté. Difficile de l'enfermer dans un style particulier tant elle combine de multiples influences passant d'orchestrations symphoniques à la recherche de sons conçus spécialement sur synthétiseurs.
Susanne Sundfør ne craint pas de dérouter, toujours en tension entre pureté mélodique, pureté du chant et une créativité qui s'affranchit de toute règle, une créativité qui ose les ruptures, les assemblages complexes et les influences au sein d'un même morceau. Bien qu'elle ait travaillé en collaboration sur trois des titres de l'album, c'est elle qui marque de son empreinte la production.
Chaque titre mérite une attention particulière. Même si je n'ai pas pour habitude d'analyser en détail les morceaux d'un album privilégiant plutôt l'instantané, l'émotionnel voire le corporel qu'il procure, j'avoue que chaque écoute m'a permis de découvrir ici et là des sons, des subtilités, des arrangements qui rendent cet album passionnant. Quelques mots rapides pour passer en revue ces dix chansons.
« Darlings » ouvre l'album comme un cantique sur des notes d'harmonium avant que s'élève le chant porté par cette voix si pure. A peine 2'39 d'une intensité remarquable achevée par quelques notes cristallines. Suit « Accelerate », titre brillant, l'un de mes préférés, par sa rythmique implacable rompu par un solo d'harmonium afin de reprendre dans une montée endiablée et s'enchaîner avec « Fade Away » qui évoque les grands jours de la pop scandinave et les influences disco d'ABBA. Puis « Silencer » s'ouvre sur des notes de guitare légères, un chant éthéré et somptueux s'élève, magnifique chanson. Le titre suivant « Kamikaze » plus résolument pop avec de multiples sons électroniques est clôturé par un passage de clavecin. Des chœurs aériens ouvrent alors « Memorial » morceau de plus de 10 minutes avec des passages d'orchestre de chambre et de piano, morceau que l'artiste dit aussi influencé par l'écoute de Mercury et de Caballé. Le second single « Delirious » entêtant et débutant magnifiquement démontre suivi par « Slowly » combien cette artiste maîtrise la composition d'un morceau pop en jouant de multiples possibilités tant au niveau vocal (une sacrée chanteuse tout de même) que des arrangements et de la structure. L'avant-dernière chanson « Trust Me » est sans doute l'un des moments les plus intenses de l'album avant qu'il ne s'achève par le troublant et fascinant « Insects ».
Susanne Sundfør est, me semble-t-il, parvenue à traduire ses intentions en réalisant un album pop d'une rare intensité, un album nourri par de multiples références sans s'y enfermer, une pop brillante et inventive.