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J'avais signalé en d'autres lieux le premier album que Rey Villalobos avait publié sous le nom de House of Wolves en 2011. Le second opus qui sera suivi d'un troisième cette année est dans la lignée du premier mais peut-être d'une force évocatrice encore plus forte.
Il y a toujours cette voix qui flirte en permanence avec la fêlure, au timbre équivoque et qui procure cette couleur androgyne assez unique, toujours ces ambiances presque minimalistes, ces compositions avec piano, guitare et cette beauté fragile.
Cette fois-ci, l'album ne comporte que 8 titres mais ils suffiront à enthousiasmer tous ceux qui apprécient ces atmosphères. Rey Villalobos que cela soit au piano, à la guitare ou au chant excelle à nous entraîner dans des contrées que nous ne voulons plus quitter.
Des chansons magnifiques telles "One", "Martians", "Take Me to the Others", "Daughter of the Sea" qui donne son nom à l'album et puis "Beautiful Things" qui ouvre l'un des opus les plus bouleversants de l'année. L'album est disponible sur bandcamp.
Il ne faut que quelques secondes pour tomber sous le charme de "Don't Fade" chanté magnifiquement par Rachel Sermani sur son second album "Tied to the Moon".
Mais cet album recèle d'autres instants aussi somptueux telle "Ferryman". Rachel Sermani nous délivre ses histoires de sa voix chaude sur des arrangements délicats. Elle s'offre un agréable duo sur "Banks Are Broken". Les titres où les guitares se font plus saturées montrent que ce choix se marie fort bien avec sa voix comme le prouve l'excellent "I've Got A Girl". Il faut prendre le temps d'écouter cet opus qui est une des plus belles surprises de ce mois de juillet. Un album de confirmation pour cette artiste qui nous vient d’Écosse.
Il est parfois difficile de mettre en mots ce que l'on peut ressentir à l'écoute d'albums que je qualifie de radicaux, de l'ordre du tout ou rien.
"Leaving Room" est l'un de ceux-ci.
Ouvert magistralement par un texte de Yeats sur une musique composée par Laure Brisa, l'opus met immédiatement l'auditeur en demeure.
S'immerger, se plonger dans ces abîmes envoûtants.
Ici, nulle flatterie, nul effet racoleur, pas de superflu.
Le lieu ne souffre pas la complaisance.
Ici, chaque note, chaque arrangement, chaque inflexion de la voix, chaque mot, chaque instrument, chaque son de machine s'inscrit dans un tout, une intention, un regard sur le monde.
Tous délicatement, subtilement assemblés dans leur singularité, entrelacés pour composer ce tout.
Un tissage d'artisan.
Une faiseuse d'atmosphères, une conteuse, une sculpteure de sonorités.
Laure Brisa est une sorcière qui nous emporte dans son univers. Une sorcière entourée d'autres sorciers dont Guillaume de la Villéon à la réalisation.
Une recherche, me semble-t-il, même si leur style n'est pas comparable, que l'on retrouve chez d'autres artistes déjà présentés en cet espace - Bastien Lallemant, Gisèle Pape, Cheval Blanc, Orso Jesenska et tant d'autres...- d'une couleur, de la justesse.
On pourrait être tenté, au vu du parcours de formation musicale de Laure Brisa, par une écoute analytique de son album. Je ne suis pas persuadé que cela apporterait quelque chose. Il suffit de prendre le risque d'accepter d'écouter et de se laisser porter. Comment résister à "La louve", "Ophélia" ou à ce titre dont les paroles sont d'Helena Canosa !
Une fois n'est pas coutume, c'est une compilation qui figure déjà dans mes albums du mois de juin. C'est la première de WALDEN qui se définit comme un label poétique, aquatique et bucolique.
Douze chansons figurent sur l'album disponible en version digitale et difficile de choisir l'une plus que l'autre tellement les artistes réunis nous proposent ici de bien belles choses. La plupart d'entre eux ont déjà été signalés à un moment ou un autre dans MB&P.
Réunis dans cette belle compilation, on aura donc le plaisir d'écouter de nouveau Fantôme, Nesles, Fredda, Pagan Poetry, Orso Jesenska, Maud Octallinn, Oh ! Oui..., My Concubine, Delmar, Midget !, Facteurs Chevaux et Pauline Drand avec une chanson inédite "Aéroport".
La compilation est en name your price sur bandcamp.
Parfois en quelques secondes, une chanson s'impose comme une évidence, un instant parfait, une alchimie merveilleuse entre paroles, interprétation, arrangements musicaux. Une chanson qui pourrait traverser les ans en gardant intacte la première émotion qu'elle vous a procuré. C'est le cas avec "Slow moving dreams", titre somptueux qui figure sur le quatrième opus de The Wooden Wolf.
Mais cette chanson bénéficiant d'une très belle mise en images n'est pas la seule à vous donner des frissons. Ainsi "Gone with the rain", "Where are you now", "Morning sun" sont autant de véritables bijoux. L'apport du violoncelle sur plusieurs chansons contribue à créer cette couleur où le chant d'Alex Keiling vient servir ses textes. Chaque titre vaut une écoute attentive à l'instar de "Thieves in the trees" qui clôt magnifiquement cet album (continuer l'écoute jusqu'à 9'11 !)
"Moonlight Serenades" démontre - y--t-il nécessité de le démontrer depuis la parution du premier album ? qu'Alex Keiling propose une folk somptueuse. Nul n'est besoin de profusions d'arrangements et de technologies pour créer des chansons qui captivent l'auditeur par leur intensité.
Vous pouvez vous procurer cet album que je vous recommande sur la page bandcamp de l'artiste.
J'espère que vous ne vous offusquerez pas du terme Mademoiselle. Voyez-y plus une marque de respect qu'une marque de condescendance. Et puis le terme vous sied plus que celui de Madame à mes yeux. Il me semble correspondre à cette grâce lumineuse, fragile et délicate dont vos chansons sont porteuses.
Hier matin, j'ai découvert dans ma boîte aux lettres une enveloppe. Il y avait à son dos en lettres noires écrites à la main votre prénom, votre nom et une adresse. J'ai alors compris qu'il s'agissait de votre disque que je n'attendais pas si tôt. Je ne sais si c'est vous qui avez tracé toutes ces lettres. J'ai plaisir à le croire, à vous imaginer rédiger pour chacun de ceux qui vous ont soutenu ces quelques mots sur une carte. J'ai plaisir à vous imaginer, appliquée, concentrée, préparant l'expédition un peu partout en France de ce qui se veut être la préfiguration d'un album à venir. Un huit titres qui réunira des personnes qui ne se connaissent pas et qui ne se rencontreront probablement jamais pour la plupart d'entre elles. Un huit titres accompagné de ce livret à tirage limité qui annonce une belle suite.
J'avais déjà écouté certaines de ces chansons. J'avais été sensible à leur écriture et à votre voix, votre diction. Il y a - y compris dans celles qui sont les plus graves - une légèreté que j'apprécie et puis votre chant dégage une forme de sérénité qui m'apaise. Vous m'aviez déjà conquis avec "Pont Neuf" et "Émilie Sait". Et que dire de celle qui clôture cet opus : "Aux Jours De Juillet". Je vous jalouse Mademoiselle, oui, j'aurais aimé écrire des chansons comme celles-ci et bien d'autres aussi. Vous m'aviez déjà conquis et vous récidivez Mademoiselle. Alors que vous souhaiter après ce premier opus ? Restez comme vous êtes Mademoiselle, gardez cette sincérité et ne vous laissez pas emporter par le vent méchant d'une production qui viendrait faner les fleurs délicates de cerisier que vous chantez si bien.
Au plaisir d'écouter bientôt vos nouvelles chansons.
Play B.
Ce Double EP sera disponible en version digitale fin avril.
La pluie colle à tes pas, tu ouvres ta boîte à lettres et tu découvres un emballage de carton qui te laisse penser qu'il est enfin arrivé ce vinyle que tu attendais.
Tu remontes l'allée comme un peu plus léger, un peu comme quand enfant tu étais impatient d'ouvrir un cadeau. Installé maintenant à l'abri, tu tranches l'adhésif et tu le regardes longtemps avant de retirer le film qui le protège. Tu le retournes, tu l'observes, tu l'effleures, tu l'apprivoises, tu le détailles, tu parcours les textes, tu prends le temps avant de le poser pour écouter.
Depuis des semaines tout aurait été déjà dit ?
Depuis des semaines tout aurait été déjà écrit ?
Sûrement, par des chroniqueurs bien plus habiles et experts que toi. Et puis son auteur n'a-t-il pas déjà répondu à de nombreuses questions dans plusieurs entretiens.
Qu'ajouter à tout cela ? Rien ou si peu.
Pour quelle(s) raison(s) avoir soutenu bien modestement la sortie de cet album sur microcultures ?
Sans doute, pour des sonorités écoutées dans un des titres, pour quelques notes de guitare posées ça et là, pour des paroles et des sens générés qui ne sont pas nécessairement ceux que l'auteur a pu penser - le sens de leurs textes n'échappent-ils pas à leurs auteurs ?
Sans doute parce que, confusément, sans rationalité aucune, sans analyse quelconque, il t'a semblé que ce disque pourrait être comme d'autres - ceux de Cheval Blanc, Bastien Lallemant ou Pain Noir pour ne citer que les plus récents - un compagnon.
Voilà, c'est peut-être cela qui est à écrire, c'est peut-être cela qui est le plus important. Un compagnon comme certains romans, certains poèmes, certains films, certaines pièces chorégraphiques et toute autre chose qui t'accompagne dans ta vie en ce monde. Un compagnon qui te dit quelque chose de ce monde où tu vis, où nous vivons. Un compagnon que tu peux abandonner durant des mois, des années mais que tu retrouveras avec plaisir, qui te surprendra encore.
C'est peut-être cela qui est à écrire plus que de vouloir tenter d'analyser chaque titre, chaque texte, chaque arrangement. Un compagnon certes mais parce que des femmes et des hommes - qu'ils écrivent, chantent, composent, interprètent, jouent - ont réussi à créer cette alchimie, ce moment rare, cet instant tremblant, ce mariage délicat, cet équilibre gracieux qui te transporte. Ces femmes et hommes, vous pourrez lire leur nom écrit sur ce qui fait office de livret.
Qu'écrire alors si tout avait été déjà écrit ?
Simplement dire à Orso Jesenska et à tous ceux qui ont contribué à faire en sorte que nous recevions cet album que nous voulons aussi qu'ils reçoivent ce que nous pouvons leur donner : qu'ils sachent combien nous sommes heureux qu'ils nous offrent ces instants.
Donner et recevoir. Recevoir et donner.
Effacer la mer :
Face A : Un parfum - Paroles - Et nous encore vivants - Effacer la mer - Vivre, en Somme - Le Vent
Face B : Exilés - Tempête - Apaisement - Les vrilles de la vigne - A pas lents - Palabras para Julia - L'ombre descend
Les jours allongent peu à peu, le printemps approche, le paysage se fait moins sombre. J'aime les variations de lumière de ces instants, un entre-deux, un entre-jeu, pas de soleil qui vous écrase, pas de ciel définitivement voilé de gris qui vous déprime. De temps en temps, une douce averse, et puis, soudain, la chaleur du soleil sur la peau, la lumière dorée sur les murs de calcaire. Et mes pas dans l'ombre allongée du clocher qui domine la ville.
D'ombres, il est aussi question dans les chansons du nouvel album de Bastien Lallemant. Et d'amour aussi.
D'amour qui s'achève, d'amour disparu, d'amour qui se déchire, d'amour que l'on attend longuement.
De perte, d'absence et de longue nuit.
Mais cet album au livret paré de noir et de blanc est aussi inondé de lumineuse beauté, de mots habilement mariés, de compositions subtiles et élégantes.
Elégance, oui c'est l'un des qualificatifs qui s'est imposé rapidement à l'écoute de ce disque. Il y a une alchimie parfaite, quasi miraculeuse entre les paroles, les arrangements musicaux et l'interprétation proposée par Bastien Lallemant. Des chansons envoutantes, des moments magiques, des clairs-obscurs obsédants : "Un million d'années", "Les ombres", "Longue nuit", "L'attente".
Cet album est celui d'un artisan des mots, des mélodies, des atmosphères. Un artisan entouré de compagnons qu'ils soient aux instruments ou à la réalisation, avec des invités comme dans les repas de mon enfance où il faisait bon de partager.
Comme pour les albums de Jérôme Suzat (Cheval Blanc) ou d'Orso Jesenska, il m'est impossible d'imaginer les chansons de Bastien Lallemant chantées par un autre que lui, de penser pouvoir les écouter dans une version qui ne serait pas respectueuse de ces subtils arrangements, de ces suspensions dans le texte chanté. C'est parce qu'on a là ce que j'appelle - peut-être maladroitement - de "grandes chansons", des chansons dont le son, la couleur, les ambiances qu'elles créent ne peuvent que très difficilement être reproduits par d'autres. De grandes et belles chansons comme celles déjà citées et d'autres encore : "Un fils de Dieu", "Au loin la côte".
Un régal, un grand album, un compagnon de route, un compagnon de soirée quand le soleil se couche, quand dans le ciel les étoiles vont scintiller.