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"bones you have thrown me and blood i've spilled" est le premier album de Kathrin Joseph, artiste de Glasgow à la voix si particulière que j'avais présentée en 2014 à l'occasion de la découverte de l'un de ses titres. Difficile de disposer d'informations mais après tout ce sont les chansons qui comptent plus que tout autre considération.
L'album pourra agacer, sembler maniéré, la voix pourra énerver, le piano et les bruits de pédale pourront lasser mais on ne pourra pas reprocher à cette artiste de ne pas oser prendre des risques en proposant dix titres dans une formation minimaliste (piano,voix, basse et quelques légères percussions).
L'album ne joue pas dans la séduction facile même si le premier titre "The Bird" a pour effet immédiat d'intriguer et d'attirer l'auditeur.
Ce ne sont pas seulement ces notes de piano et cette mélodie qui vous entraînent irrémédiablement, c'est aussi ce chant si particulier, presque androgyne, et son traitement à l'enregistrement qui vous transporte dans des contrées lointaines, dans un monde magnétique. L'album recèle d'autres moments rares d'intensité telle la magnifique "the why what, baby ?". Mais les autres chansons, "the bone", "the crow", "the mouth", la superbe "the good" sont aussi à ne pas négliger. "The weary" clôture ce premier opus en montrant que les compositions de la dame sous une apparente simplicité cache bien des surprises. En dix titres Kathrin Joseph parvient à nous capturer et à à nous emporter dans des atmosphères qui peuvent provoquer parfois l'inconfort mais ne laissent jamais indifférent.
Un premier album exceptionnel qui nous change de ces productions formatées pour être vendues en supermarché et qui sont déjà oubliées à peine achetées.
L'album est en écoute et en vente sur la page bandcamp de l'artiste, je vous le recommande.
Depuis ce matin, la voix de Robi me taraude, le son des machines et les notes de guitare emplissent ma boite crânienne, vrillent mon cerveau.
Longtemps j'ai résisté. Trop de chroniques élogieuses. Un succès annoncé avant même la sortie officielle de l'album.
Et puis je déteste souvent toutes ces chroniques écrites des jours voire des semaines avant la parution d'un album que vous ne pourrez écouter que bien plus tard. Elles me rendent de mauvaise humeur. La promotion, pratique désormais incontournable pour exister dans le marché culturel, fait qu'on en vient à douter de la sincérité de nombre de ces articles.
Autant dire que je ne me suis pas précipité pour écouter ce nouvel opus de la dame brune mise en scène dans de bien belles photos sur nombre de blogs. Longtemps j'ai résisté. Pourtant son précédent m'avait presque trop séduit. Ce rythme, ces paroles scandées, cette énergie presque brute, issue du plus profond. Séduit, oui. Comment pourrait-il en être autrement avec les chansons de Robi ?
J'ai risqué une première écoute profitant d'une mauvaise grippe. Rien, rien ne s'est passé. Une quasi-indifférence à l'écoute des morceaux. Je n'en croyais pas mes oreilles. C'était cela, le disque vanté partout sur tous les blogs et les revues musicales que j'épluche compulsivement ! Comme une déception amoureuse.
Alors j'ai laissé Robi et ses chansons dans un coin, en sommeil au cas où. Et puis ce matin, je récidive. Je lance la machine à fichiers, le casque collé aux oreilles, le volume monté pour exploser mes vieux tympans. Je débute par "Le chaos" et là comment dire. Je sens que ça prend, que ça monte. J'enchaîne les titres.
Robi, c'est de l'ordre du tout ou rien. Une forme de radicalité. Pas de faux semblants. C'est de l'ordre du corporel, ça te saisit les tripes, ça te noue les mâchoires, ça te vrille la tête, ça devient obsédant.
Cet album est encore plus abouti, selon moi, que le précédent. Le chant, la voix, les arrangements musicaux, les textes, la réalisation, l'ensemble composé de ces 11 titres qui atteignent des sommets, en font un disque entêtant et fascinant.
Le givre tarde à fondre malgré le soleil d'hiver, dans un ciel cristallin, la fumée s'échappe des cheminées et la terre craque sous les pas. Les chansons de Dyl & Petra m'accompagnent
Un duo suédois et français, Petra la suédoise sorcière au chant, Eric "Dyl" le magicien toulousain aux guitares et à la production, accompagné de cinq musiciens nous délivre un premier album composé de neuf chansons. Et ce premier opus paru fin 2014 nous offre de forts beaux moments. Il y a des chansons qui s'imposent telles des évidences, des instants de grâce qui vous réchauffent le cœur, "Dream here" est de celles-ci :
Mais il y a bien d'autres occasions d'être charmé par ce premier album. L'album est en écoute intégrale sur spotify.
Disponible seulement depuis le début novembre en France sur une plate-forme de téléchargement bien connue, le premier album de Matthew Edwards and The Unfortunates intitulé "The Fates" était déjà paru aux USA sous forme de vinyle.
Le groupe livre un opus raffiné avec, parmi les onze chansons, de véritables petits bijoux. Matthew Edwards, entouré d'une équipe de musiciens excellents (piano, orgue, violoncelle, accordéon, guitare, batterie...), est capable de créer des atmosphères envoûtantes qui se révèlent de plus en plus au fur et à mesure des écoutes. Difficile de sélectionner des titres tellement cet album contient de belles chansons parfois émouvantes, nostalgiques. Je crois bien que chacune vaut le détour même si certaines accrocheront immédiatement l'oreille par leur instrumentation et leur ambiance.
Une très belle surprise de cette fin d'année 2014.
Ceux qui me suivent ici ou là depuis deux ans savent que je suis un quasi inconditionnel d'Anna-Lynne Williams (des Trespassers William à son projet solo Lotte Kestner). La dame est prolifique et multiplie les collaborations. Ormonde, duo formé avec Robert Gomez, signe là son second album. Alors évidemment, je sais déjà que certains s'étonneront de mon choix mais il y a dans ces chansons une élégance, une beauté qui me séduit. On ne peut pas dire que le duo fait dans l'aguicheur pourtant, des compositions parfois minimalistes toutes en variations subtiles qui exigent de l'auditeur d'écouter et non d'entendre. Mais c'est cela qui est la marque d'un album réussi et convaincant. Cet opus est un régal pour ceux qui accepteront de s'y plonger et non pas de zapper. Ici on ne pratique pas le zapping toutes les 20 premières secondes de chaque chanson parce qu'on ne pourrait rien saisir de ce qui fait l'essence du projet artistique du duo. Comment, en se contentant de sauts de puce, saisir cette subtilité, ces atmosphères, cette durée installée, ces rythmes qui invitent au voyage, au mouvement lent et dosé loin de cet affolement, des mouvements saccadés et des rythmes effrénés de ce monde. Avec Ormonde, on apprend la lenteur, la langueur hypnotique, à se laisser porter par les subtilités des arrangements, à se fabriquer des films, à écouter les chants emplir obsédants l'espace.
Les chansons d'Ormonde sont des moments de plaisir rare, des instants où l'on est parfois proche de la perfection. Comme dans "Beach", "Snake", "Explorer/Cartographer", "Paintings" et bien d'autres.
Au petit matin, lorsque la lumière dorée vient caresser le calcaire des murs de la ville, les notes de piano qui ouvrent "The other side" m'accompagnent. Je descends les marches de l'escalier qui surplombe les toits de la ville où je vis. Dans le calme de la cité encore endormie, je prends le temps d'écouter chaque note, chaque inflexion, chaque nuance des instruments et des voix. Accompagnée au chant par Helgi Hrafn Jonsson dans ce titre, Olivia Pedroli me transporte dans cette chanson magistrale. Elle m'avait enchanté avec son album « The Den » paru en 2010. Allait-elle me conquérir de nouveau ?
J'avais suivi sa précédente carrière sous le nom de Lole, de loin, sans vraiment être enthousiasmé. Et puis, ce fut lorsqu'elle reprit son nom que ses chansons me captivèrent.
Premier constat après plusieurs écoutes de ce nouvel opus : contrairement à beaucoup d'artistes telle Agnes Obel, Olivia Pedroli ne livre pas une musique qui se veut séductrice dès la première écoute. Non, "A Thin Line" exige une écoute attentive pour saisir toute la richesse de ses compositions et arrangements. C'est là déjà l'une des grandes qualités du travail de l'artiste (et de la production), ne pas verser dans la reproduction du même, au risque de dérouter, ne pas se contenter des recettes faciles qui garantissent le succès.
Bien évidemment, « This is where it starts », premier titre dévoilé avant la sortie de l'album et bénéficiant d'un clip, séduira peut-être plus par son caractère enlevé. Cependant, il y a des titres qui pourront conquérir dès le premier abord l’auditeur tel le magnifique « The other side » déjà cité. Mais il faut se laisser emporter par des chansons comme la superbe« Silence », la non moins réussie « Guide » ou bien « Birds » (quel début !).
Alors, oui, cet opus n'est pas dans la ligne pop ou folk à la mode, il n'est pas dans l'air du temps, il ne fait pas dans « l'aguicheur » parce que je pense qu'Olivia Pedroli, depuis le premier album paru sous son nom, essaie de tracer peu à peu une voie cohérente sans céder aux effets de mode. Il suffit pour s'en convaincre d'écouter ce qu'elle a réalisé entre temps (musique de film et "Préludes pour un loup"). Il faut prendre son temps pour déguster ce nouvel opus, pour s'abandonner, pour se laisser porter dans cet univers gracieux et délicat. Certains regretteront sa facture trop classique, pourtant cordes, vents, piano, guitare et autres instruments s'accordent parfaitement au travail réalisé sur le chant et les harmonies vocales. C'est un album d'une grande intensité, d'une sensibilité rare. Des chansons servies par des compositions et des arrangements somptueux. Un des nos indispensables 2014, disponible sur la page bandcamp de l'artiste.
Décidément, que je regrette de ne pas vivre en Suisse pour pouvoir l'écouter en concert plus souvent !
Le dernier album "Fossile" du groupe JUR fait l'objet de nombreuses chroniques depuis quelques semaines. En tout cas, bien plus que leurs précédentes productions, semble-t-il. Ce nouvel opus, disponible depuis quelques jours en CD, fait sans aucun doute partie des disques auxquels il faut prêter une écoute en ce début d'automne. On pourra aussi en profiter pour découvrir un peu plus leur univers, si ce n'est déjà fait, en écoutant leurs précédents albums et EP réalisés depuis 2009 (Juste ici, Ladrona et A boca llena). Ils réservent de bien agréables moments eux aussi et sont disponibles sur leur page bandcamp.
J'attendais avec quelque appréhension la parution de son second album depuis que sa sortie avait été annoncée chez Sub Pop. L'auteure-compositrice-interprète allait-elle modifier son style ? Serait-elle capable d'égaler la qualité atteinte dès sa première réalisation ? Allait-elle nous dérouter, nous surprendre en explorant d'autres chemins ?
La réponse commença à s'esquisser lorsque son nouveau label dévoila « Oak Tree » puis « The Dirt ».
Au passage, une digression pour dire mon irritation sur cette stratégie devenue quasi-systématique et loin d'être nouvelle, qui consiste à annoncer un album morceau par morceau bien avant sa sortie. Je sais bien que, dans ce monde, la musique n'échappe pas aux règles du marché, bien culturel certes mais aussi bien marchand. Mais enfin, rien de plus désagréable parfois que de découvrir ce qui devrait former un tout, ce qui devrait relever d'un projet d'ensemble, de façon fragmentée.
Le second album de Mirel Wagner ne marque, selon moi, aucune rupture importante. Les changements les plus nets semblent résider dans les choix effectués en studio qui donnent peut-être un son plus net, un chant plus direct, plus clair, avec, assez rarement, l'apport en arrière-plan de voix et de quelques instruments.
Les articles élogieux vont fleurir - ils commencent déjà. La critique spécialisée a besoin de s'emparer d'artistes et de nous offrir, avides consommateurs que nous sommes, de la nouveauté : le nouveau Nick Cave, la nouvelle PJ Harvey... Je n'y échappe pas non plus d'ailleurs dans ce blog. Dès son premier disque, les comparaisons avec d'illustres prédécesseurs tel Léonard Cohen ont fleuri. Je ne suis pas certain de leur intérêt même si l'on sait que rien ne s'écrit sans avoir été nourri par ce que d'autres ont écrit.
En dix titres, Mirel Wagner continue de nous livrer un univers sombre, dépouillé, grave mais toujours aérien. La guitare est toujours omniprésente, des cordes apparaissent quelquefois, son phrasé et sa voix sont toujours au service de textes sans jamais tomber dans l'excès.
Pas de fioritures en ces terres.
C'est peut-être ce qui est le plus troublant, le plus attirant, ce qui constitue la plus grande qualité de Mirel Wagner : l'austérité, la sobriété, le caractère spartiate, monacal de ses compositions et de son chant et en même temps, la capacité à chanter les textes les sombres de façon lumineuse. On sent qu'elle aurait les capacités vocales pour laisser éclater son chant mais cette retenue lui permet de trouver la justesse appropriée dans son interprétation, de créer une intensité remarquable avec une économie de moyens.
Isoler certaines des dix chansons serait peut-être injuste tellement elles forment un tout d'une grande cohérence. Pourtant, je ne peux résister à mentionner certaines d'entre elles qui m'ont particulièrement touché :
« The Dirt » avec ses accords plaqués puis ces quelques notes (jouées en slide?) posées simplement, quasi déchirantes, et ses paroles « Mama, Don't cry, You can't eat the dirt » :
la superbe « What Love Looks Like » avec cette question qui revient « Is this what love looks like ? » et où Mirel Wagner par son phrasé exceptionnel et cette composition minimaliste basée sur quelques notes parvient à créer une intensité remarquable ;
« Goodnight », telle une berceuse tendre et rassurante qui s'achève avec « Tomorrow will be all right, Together forever », accompagnée en arrière-plan de quelques discrètes notes de piano et de violoncelle ;
mais comment oublier celle qui ouvre l'opus et qui égrène comme une comptine enfantine chantée 1 2 3 4, ou bien les non moins réussies « In My Father's House », « Dreamt of a Wave », « The Devil's Tongue » et « Taller Than Tall Trees », « Ellipsis » et ses cordes discrètes, « Oak Tree » qui s'achève par un dernier « sweet dreams ».
Mirel Wagner ne fait pas dans la profusion, l'apparat inutile. Elle trace une voie obsédante et lumineuse au milieu du bruit de ce monde. Elle instaure presque un silence vertigineux, un espace où chaque note, chaque parole compte dans ce monde saturé. Mirel Wagner n'a guère besoin d'artifices parce qu'elle puise au plus profond de ce qui nous traverse et nous l'offre à écouter, nous le révèle. Et c'est cela qui donne une rare épaisseur, une densité extrême à l'ensemble de ses chansons. Que cela se poursuive longtemps.
P.S. : Je tenais à souligner combien je suis redevable à Sabine, amatrice passionnée du blog musical WMIMM, malheureusement en sommeil depuis de longs mois, d'avoir attiré mon attention sur le premier opus éponyme de Mirel Wagner lors de sa sortie. On pourra lire ici la chronique élogieuse qu'elle écrivit, conquise par cette entrée magistrale de cette jeune artiste qui nous vient de Finlande.