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Ecrire - Page 6

  • Dernier été

    Je me souviens encore de la chaleur de son dernier été

    Entre mes bras, léger, oscillait son corps

    Tenter de se tenir debout occupait chaque instant de sa vie

    La douleur aussi

    Muette, implacable

    Je n'ai jamais rien su de lui

    Rien qu'il n'eut voulu me confier

    A l'exception de ses silences ou de ses colères, rares, violentes

    Comme un trop plein qui devait s'évacuer

    Un trop plein assourdissant de silences

    Tout ce que j'ai pu apprendre, ce sont les autres qui me l'ont dit

    Des morceaux de vie, épars, sans cohérence apparente

    Maintenant que je crois savoir, il n'est plus là

    Depuis longtemps, depuis si longtemps, il s'était échappé de ce monde

    Depuis ces longs mois de souffrance muette en des contrées lointaines, de l'autre côté de la Méditerranée

    Là où la guerre n'était pas officiellement une guerre Là où sa jeunesse, ses espoirs, sa joie ont disparu à jamais

    Comme pour tant d'autres

    Vivants mais broyés définitivement

    A son retour, il n'était plus le même

    A son retour, j'étais un inconnu il m'était inconnu

    Il n'avait eu la permission de me voir qu'une seule fois après ma naissance

    Maintenant, je suis seul avec les lambeaux de sa vie

    Maintenant, je suis seul et je ne peux plus rien lui dire

    Seul demeure ce silence assourdissant que sa voix ne viendra plus jamais troubler

    Seul je demeure à écouter les vagues mourir sur la plage, à imaginer ce que fut la vie de ce jeune homme parti contre son gré

    Loin très loin de l'autre côté de cette immensité d'un bleu si cruel.

  • love journey 9

    Dans la chambre que nous avons élue, je m'offre à toi comme je ne me suis jamais offerte

    Je découvre le bonheur de l'abandon, l'ivresse des caresses, l'émoi des mots murmurés et la fièvre des corps unis

    Je découvre le désir, le désir amoureux et le plaisir partagé

    Dans la chambre que nous avons élue, je m'offre à toi comme je ne me suis jamais offerte

    Confiante, apaisée, je me laisse aimer sans peur aucune.

    Peux-tu vraiment comprendre ce que cela signifie ? Peux-tu vraiment comprendre ce qui est de l'ordre de l'intime, du ressenti, de l'éprouvé ? Peux-tu comprendre ce qui, malgré les apparences, ne fut que destruction, souffrance et haine de soi ?

    Dans la chambre que nous avons élue, je m'offre à toi comme je ne me suis jamais offerte

    Serais-tu différent des autres hommes ? De ceux qui m'ont leurré pour seulement profiter d'un corps qui n'avait jamais été le mien ? Serais-tu différent de ceux qui ne voyaient en moi qu'un objet interchangeable de jouissance ?

    Dans la chambre que nous avons élue, je m'offre à toi comme je ne me suis jamais offerte

    Je crois en toi, en ta sensibilté que tu as longtemps masquée, en ton regard de loup qui dit tout ton amour, en ton respect de ce que je suis, de ce que je veux

    J'ai confiance en toi

    Dans la chambre que nous avons élue, je m'offre à toi comme je ne me suis jamais offerte

    Et je voudrais que jamais cela ne cesse.

     

  • la fabrique 14 : "Vous êtes un intellectuel ?"

    un jour un message un message électronique une question : « Vous êtes un intellectuel ? » mais c'est quoa cette question ? « Vous êtes un intellectuel ? » un intelléquoi ? un intéléctuel ? je sais pas moa ce qu'c'est qu'un intélétuel ? c'est quoa ça ? ça fait quoa ça ? dis, c'est ceux qui bavassent devant les micros qui pérorent sur les écrans qui alignent des phrases que je comprends pas quand ils arrivent à la fin et que j'dois appuyer sur replay et qui sourient béats devant leur analyse brillante , leur finesse d'esprit ? dis, c'est pour ça que tu me prends ? dis, les intellectuels c'est quoa ça ? ça s'oppose à quoa ça ? parce que si tu m'poses la question, c'est bien qu't'as une idée de c'que c'est, de ce que c'n'est pas ? dis, dis t'attends quoa comme réponse ? tu veux que je t'écrive que j'ai de l'ambition moa, petit tas de chair minuscule qui vais finir rongé par les vers ou en cendres lâchées dans les airs, tu crois que j'ai l'ambition de donner du sens au monde moa ? dis, tu crois quoa toi ? que moi qui suis très préoccupé par mes intestins tous les matins et les soirs j'ai l' temps d'avoir des idées sur tout et n'importe quoi ? tu crois que j'suis un expert en que'que chose, pace que t'en connais toi des experts en queque chose ? ah ce mot « EXPERT », laisse-moi rire y a jamais eu autant d' « experts » qui expertisent tout et n'importe quoi et alors ça a produit quoa ça à part que ça leur permet d'avoir un petit bout de galette, juste un petit bout tout d'même pace que la galette faut faire attention, si tu la partages trop, y en a plus assez pour toi, la galette ça fait des miettes. dis tu crois quoa à me poser cette question ? que j'ai la prétention d'avoir une pensée critique ? tu te trompes d'éléphant, va voir ailleurs dans le zoo, j'ai la prétention de rien faire moi, je vide mon sac, c'est tout, je pense pas moa, ça sort comme ça, comme une envie de vomir, irrépressible ou comme quand t'as envie de pisser et que tu peux plus te retenir. je fais pas dans le peaufinage, l'élégant, le beau, le pensé raffiné, le philosophiquement élaboré, le critique étale-moi la confiture, le col de chemise ouvert négligemment. non je rabote grossièrement, je ponce au gros grain, j'y vais allégrement à la brosse moa pas au pinceau fin, je triture sans trop savoir, j'assemble de guingois. mais quoa tu te prends pour qui toa d'abord à me poser cette question ? t'as bien une p'tite idée tout de même autrement tu me la poserais pas ta question. Alors allez envoie- moi le fonds de ta pensée, dis-moi ce qui te triture et je verrai si j'ai le temps de lire ta réponse à ta question et si je la comprends. après je sais pas si je te répondrai pace que j'ai un tas de trucs à faire, aller chercher de quoi manger, faire une lessive, étendre le linge, combler mon découvert, mettre le réveil à sonner pour pas oublier d'aller bosser , pace que bosser dans ce monde est devenu une souffrance de tous les matins, ramasser les miettes sur la table... ah oui les miettes et la galette c'est fou ceux qui veulent un morceau de galette. ah oui tu t'en fous toa de tout ça, c'est vrai t'attends que ta réponse à cette question « Vous êtes un intellectuel » ? « Vous êtes un intellectuel » ?

  • Silver Letters 3 : Le Moulleau

    Cette photographie de moi, tu avais tenu à la prendre un après-midi d'août, tu savais pourtant combien je détestais cela.

    Non loin de la mer que j'avais voulu voir, nous étions attablés dans un jardin à l'ombre protectrice des arbres. Tu avais un haut de coton écru avec, me semble-t-il, un liseré de dentelle et ton sourire irradiait l'espace, je ne voyais que toi.

    J'avais pris l'appareil, emprisonné cet instant comme si je ne voulais pas le voir s'évanouir, pour capter ta beauté lumineuse et, au final, à travers le viseur, plus encore que l'éclat de ton visage, ce fut la force inébranlable de ton amour qui apparut.

    Je n'avais pu me baigner, je t'avais regardée avancer dans les vagues. De la main, je manifestais ma présence lointaine, signe dérisoire de mon impuissance. Je rageais de ne pouvoir nager à tes côtés.

    J'avais détesté le sable de la plage ce jour-là, sa chaleur sous la plante de mes pieds engourdis, sa texture fuyante qui me faisait marcher de guingois, sa couleur éblouissante et son inconfort qui ne semblait gêner tous ces corps dénudés allongés.

    Cette photographie, je n'avais pas voulu la regarder, témoin d'un présent disparu dont je ne voulais conserver trace.

    Elle était celle d'un homme que je ne reconnais pas, il ne restait rien du vert irisé des paillettes dorées de ses yeux, le noir des pupilles semblait avoir tout digéré et son regard, malgré son esquisse de sourire, ne pouvait faire illusion.

    Pourquoi tenons-nous tant à capturer les instants éphémeres de nos vies ?

    Des clichés où nous croyons tenir la mort à distance. Et pourtant, combien elle y est déjà présente, vivante.

  • love journey 8

    Je m'abandonne à la douce chaleur de tes mains

    Posées immobiles sur mon dos nu

    Elles me rassurent

    La tête au creux de ton épaule j'écoute

    Lente, régulière et profonde ta respiration

    Elle m'apaise

    Les pulsations de ton cœur rythment chacune de mes nuits

    Je les épie au long de mes insomnies

    Je voudrais que jamais il ne cesse de battre

    Ton coeur

    Rester à jamais blottie dans tes bras qui m'enlacent

    Parfois je ne sais si tu me crois

    Quand je dis que jamais je n'ai connu cela

    Ton sourire alors - tu ne le sais pas - me transperce

    Tu n'as pas à douter

    Non tu n'as pas à douter.