Concision 15
Rebelles campés
Au pied des tours de béton
Quelques brins d'herbe.
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Rebelles campés
Au pied des tours de béton
Quelques brins d'herbe.
Elle derrière blottie
tout contre Lui
assis en tailleur
Elle la bouche posée sur
l'épaule nue de
Lui sent la chaleur
de ses seins de ses lèvres
Elle de ses jambes de ses bras
enserre Lui
pose les mains sur
les genoux d'Elle
embrasse sa nuque son cou
Lui effleure la peau si douce
des cuisses d'Elle
le visage enfoui
dans les cheveux de
Lui qui voudrait demeurer
prisonnier d’Elle
à jamais.
Je m'agrippe je m'accroche
Je m'agrippe à la paroi
Je m'accroche je m'agrippe
Je m'accroche à la roche
Je m'agrippe je m'accroche
Je m'agrippe à toi
Je m'accroche je m'agrippe
Je m'accroche à la vie
Je m'agrippe je m’accroche
Je m'agrippe je m’accroche
J'ai peur j'ai peur du vide
J'ai peur j'ai peur de l'abîme
J'hésite j'hésite à poursuivre
J'ai le vertige de vivre
le vertige de vivre
J'ai peur j'ai peur de ton absence
J'ai peur j'ai peur de ton silence
Je m'agrippe je m’accroche
Je m'agrippe je m’accroche
Je m'agrippe je m'accroche
Je m'agrippe je m'accroche
Je pose un doigt sur ses lèvres Je caresse ses lèvres J'aime caresser ses lèvres Lentement Doucement J'effleure sa bouche de mes lèvres Mes lèvres sur ses lèvres Je sens son souffle son haleine J'aime sentir son souffle tout contre mes lèvres Mes lèvres frôlent ses lèvres Mes lèvres jouent avec ses lèvres Ma langue lèche ses lèvres Lentement Doucement J'aime ses lèvres lorsqu'elles sont légèrement mouillées Des gouttes de pluie sur ses lèvres Le goût salé de l'océan sur ses lèvres J'aime quand elle passe sa langue sur ses lèvres J'aime quand elle mordille ses lèvres J'embrasse ses lèvres Lentement Doucement J'aime embrasser ses lèvres Je l'embrasse à pleine bouche Bouche contre bouche Lèvres contre lèvres Salives mêlées Sa langue s'insinue dans ma bouche Langues emmêlées Nos lèvres s'unissent se confondent ne font qu'une Ses lèvres sur mes lèvres Je presse mes lèvres sur ses lèvres Ses lèvres vermeilles Ses lèvres brûlantes Ses lèvres gonflées J'aime le contact de ses lèvres sur ma nuque Ses lèvres sur mon torse Ses lèvres sur mon ventre Lentement Doucement Un sourire sur ses lèvres Lentement Doucement Je pose un doigt sur ses lèvres.
A quoi ça sert d'écrire ? Ça sert à quoi ça ? A qui ça sert d'écrire ? Ça sert à qui ça ? Ça sert à quoi une question comme ça ? Ça sert à qui une question comme ça ? Comme quoi ? Comme ça. Ça sert à rien une question comme ça ! Écrire ça sert à ceux qui écrivent à ceux qui lisent ceux qui écrivent à ceux qui écrivent sur ceux qui écrivent à ceux qui lisent ceux qui écrivent sur ceux qui écrivent.
Écrire écrire écrire. Je les cherche les mots je les malaxe je les mélange je les remplace je les assemble je les triture je les combine je les écorche les mots je les apprivoise je les délimite je les encadre d'espaces. Des espaces entre les mots. De blanches césures. Comme un abîme. Un abîme de mots.
Écrire ça sert à plonger dans un abîme. Écrire ça sert à ceux qui plongent dans l'abîme des mots. L'abîme me donne le vertige. Les mots me donnent le vertige. Le vertige au bord de l'abîme. Le vertige à la lecture d'un texte. D'écrire le vertige me prend. Écrire c'est comme éprouver la sensation du vertige. Écrire comme dans un déséquilibre. Écrire au bord du vide.
Il y a ceux qui écrivent pour eux, seuls dans l’abîme. Pour un autre eux-mêmes.
Il y a ceux qui écrivent pour eux et qui rêvent que les autres les lisent. Il y a ceux qui écrivent pour être lus par d'autres et qui ne sont jamais lus. Il y a ceux qui écrivent pour être lus par d'autres et qui sont beaucoup trop lus.
Il y a ceux qui vivent pour écrire et ceux qui vivent d'écrire. Il y a ceux qui rêvent d'écrire mais qui ne le font jamais. Il y a ceux qui n'ont pas de rêves et ceux qui ne s'en souviennent pas.
Il y a ceux qui écrivent industriellement ceux qui écrivent parcimonieusement ceux qui écrivent comme des forçats ceux qui écrivent dans leur lit ceux qui écrivent tôt le matin à un bureau ceux qui écrivent à la main ceux qui écrivent sur un clavier d'ordinateur ceux qui écrivent sur une grande page blanche ceux qui écrivent dans un carnet – un moleskine c'est plus élégant – ceux qui écrivent lentement ceux qui tracent les mots avec application ceux qui n'arrivent pas à se relire ceux qui écrivent peu ceux qui écrivent trop beaucoup trop ceux qui raturent qui corrigent sans cesse ceux qui écrivent d'un seul jet comme ça d'un seul coup – la MAGIE de l'écriture - ceux qui écrivent compulsivement ceux qui écrivent dans la douleur ceux qui écrivent pour ne rien dire mais qui écrivent quand même.
Il y a ceux qui n'écrivent jamais. Ils n'ont pas appris à écrire ils n'ont pas besoin d'écrire ils ne veulent pas écrire ils n'ont pas ce désir d'écrire – désir, je te désire, nous nous désirons, ils se désirent, l'absence de désir - ils n'ont rien à écrire ils ont trop à dire ils ont peur d'écrire ils n'osent pas écrire ils essaient d'écrire mais ne vont jamais au bout – au bout de l'écriture est un point ultime, au bout de l'écriture est la mort. On leur a dit qu'ils n'étaient pas faits pour écrire, on leur a fait croire qu'écrire c'était pour les AUTRES – le DON d'écrire, le GÉNIE littéraire.
Il y a ceux qui écrivent pour exister ceux qui existent en écrivant et il y a ceux qui existent tout court. Il y a ceux qui écrivent pour donner des leçons AAAAH les DONNEURS de LEÇONS les FAUDRAIT QU'ON et ron et ron petit patapon !
Il y a ceux qui écrivent des chansons chansons tristes chansons d'amour, chansons réalistes chansons populaires chansons sur un air d'accordéon sur un air de bandonéon chansons sans prétention chansons délicates chansons fragiles chansons romantiques chansons nostalgiques chansons comiques chansons érotiques chansons révolutionnaires chansons éphémères.
Il y a ceux qui sont des poÊtes ceux qui sont des pouets ceux qui poétisent ceux qui sottisent ceux qui écrivent des textes légers légers comme des bulles de savon qui volent au gré du vent ceux qui écrivent des textes qui font rêver des textes qui font voyager des textes qui font pleurer des textes à mourir de rire des textes à mourir d'ennui.
Il y a ceux qui écrivent des listes des listes de course des listes de choses à faire des listes d'invités des listes de blessés des listes de morts des listes pour ne pas oublier des pense-bêtes et des pense-ânes aussi parce qu'il y en a énormément des ânes mais des abbesses beaucoup moins.
Il y a ceux qui écrivent des lettres des lettres d 'amour des lettres d'adieux des lettres pour ne rien dire des lettres qui sont des appels au secours des lettres qui s'égarent des lettres que personne ne lit des lettres conservées précieusement en paquets attachés avec du satin rose des lettres dissimulées des lettres de rupture des lettres tâchées de larmes des lettres parfumées des lettres de refus des lettres anonymes des lettres d'excuse des lettres de remerciement des lettres de licenciement des lettres qui désespèrent.
Il y a ceux qui écrivent pour manger ceux qui dévorent ce que d'autres ont écrits pour manger et ceux qui dans l'indifférence meurent de faim.
Et vous dans tout ça ? Moi je sais pas j'écris j'écris. AU FOU ! AU FOU ! AU FOU ! je plie je tords je lamine j'usine j'assemble je façonne je forge ET LE BEAU ? LE BEAU ! LE BEAU ! je mécanique sans intention esthétique je rabote je polis je coupe j'agence je colle des mots les uns à côté des autres je cimente j'attache des lettres je comble des vides je bricole j'artisane je fabrique en équilibre en équilibre au bord d'un abîme. L'abîme des mots. L'abîme de la vie.
A ton regard qui se perd
l'incertain
ce bras cette main cette peau
si claire
cette chair palpée molle sous
les doigts
à qui est ce corps épars
tu ne sais
Ton ventre – est-ce ton ventre ?
te brûle de mille maux
te tiraille de mille désirs
à tes lèvres se bousculent les mots
irruption incandescente
Partout les bêtes fourmillent dans la terre
que tu fouilles
à tes mains sous tes ongles
la matière agglutinée
brune répulsion
où tes pensées s'égarent
et ces voix qui résonnent
dans l'immensité de ta solitude
qui sont-elles ?
résurgences d'un passé oublié
ombres menaçantes sirènes mortifères ?
Dévastée
dans ce monde terrifiant
ton regard se perd
tu t'échappes
murée en de lointaines contrées
où nul ne peut t'effrayer
les lèvres closes
les yeux fermés
comme gisant de pierre blanche
Dans mes dérives nocturnes
à tes foulées les blés se courbent
et ton sourire embrase le ciel
tu ris tu cours
ton prénom est celui d'une déesse
mais déjà
ton regard se perd
mais déjà
ton regard se perd.
J'ai les idées en bouillie comme de la purée de la purée de pommes de terre des pommes de terre cuites à l'eau des pommes de terre écrasées passées moulinées avec un vieux moulin en fer comme celui de ma grand-mère des pommes de terre mélangées avec du lait et une noix de beurre salé c'est bon la purée de pomme de terre quand elle est faite maison avec une noix de beurre salé c'est bon la purée de pomme de terre mélangée avec du gruyère ça s'étale dans l'assiette avec le dos de la cuillère ça remplit la bouche ça s'infiltre dans tous les interstices ça se répand partout ça dégouline la purée de pommes de terre ça sort de la bouche comme de la mousse ça gicle entre les dents c'est plus ou moins pâteux c'est plus ou moins liquide c'est plus ou moins compact la purée de pommes de terre avec une noix de beurre salé et du gruyère et une pincée de muscade en poudre et quelques grains de poivre plus c'est compact moins ça dégouline la purée de pommes de terre plus c'est inconsistant plus ça s'étale la purée de pommes de terre plus il y en a dans l'estomac moins il y en a dans l'assiette de la purée de pommes de terre purée de moine j'ai les idées en bouillie c'est bon la purée de moine avec du lait une noix de beurre salé quelques grains de poivre une pincée de poudre de muscade et du gruyère râpé c'est bon la purée je vous le dis j'ai les idées en bouillie.
Depuis longtemps depuis les bancs de mon enfance
je crois que j'ai deux vies
l'une de conformisme de soumission et de compromissions
l'autre de révoltes de dissidence et de passions
l'une faite d'ordre et de cohérence
l'autre de chaos et de contradictions
dans l'une les apparences sont sauves
dans l'autre les faux-semblants se fissurent
l'une est peuplée de certitudes géométriques
l'autre de doutes plus sucrés que des grains de grenade
dans l'une mes costumes sont aussi sombres que l'hiver
dans l'autre mes habits sont ceux des trouvères
l'une est de cadrans analogiques qui règlent mes pas
l'autre est de quais de gare où les trains sont toujours sur le départ
dans l'une mes phrases ont l'aridité du réglementaire
dans l'autre je fredonne les paradis perdus
Depuis longtemps je crois aussi que j'ai deux cœurs
l'un accorde ses sentiments avec parcimonie
l'autre est tendre comme celui des artichauts
Depuis longtemps depuis les bancs de mon enfance
je crois que j'ai deux vies
Depuis longtemps depuis les bancs de mon enfance
j'essaie de vivre malgré tout.