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Les envies de musique ou de lecture s'évanouissent.
Parce qu'elles ne parviennent pas à calmer les peurs, à faire oublier les incertitudes de l'avenir.
Parce qu'elles ne parviennent plus à mobiliser votre énergie, votre capacité d'attention.
Parfois, la vie est ainsi parce que la vie est d'une extrême violence, d'une profonde injustice. Nous n'avons pas demandé à vivre mais nous devons vivre tout ce qui nous arrive.
Mais la vie est ainsi faite que des envies reprennent leur place.
Ce matin, le vent s'est levé. Les bourrasques faisaient craquer la vieille charpente quand j'ai ouvert l'emballage de carton posé sur la table aux carreaux de céramique, tout près de la platine vinyle. Je savais qu'il allait m'attendre, là, patiemment. Je savais qu'il allait attendre le moment où je l'ouvrirai calmement, où j'apprivoiserai son contenu à l'instant qui me paraîtrait le plus adéquat. Je l'ai laissé là quelques jours, je le regardais de temps à autre. Non, ce n'était pas encore le moment. Attendre, savoir attendre. Et puis, alors que la solitude s'était installée, que le ciel tourmenté et le noir luisant des ardoises sous la pluie me semblaient en adéquation avec son écoute, je l'ai sorti de son emballage, j'ai touché - presque caressé - sa pochette, sorti délicatement le disque.
Neuf morceaux composés par Catherine Watine. Au piano, bien sûr. Mais pas que, des sons multiples, des chutes de violoncelle, des craquements et une voix.
La musique de Catherine Watine est de celles qui créent des espaces d'introspection, qui fouillent la mémoire et les souvenirs, qui vous font osciller entre mélancolie et lumineuse sérénité, entre mystère insondable et frontières de l'intime. Touchante d'humanité, essentielle.
La musique de Catherine Watine est de celles qui sied à ces clairs-obscurs des contrées où je vis. Le disque s'achève et (est-ce un hasard ?) un rayon de soleil vient jouer avec les gouttes de pluie. Par la fenêtre, je crois voir se dessiner un arc-en-ciel.
Dix ans ans après l'émouvante, la poignante version de "Mad Girl's Love Song", Carol Anne McGowan démontre, une fois de plus, sa remarquable qualité d'interprète.
Je suis sorti de ma torpeur granitique. J'ai traversé les vergers de pommiers, emprunté la route - celle qui conduit vers la ville - enjambé la rade et pris la direction du port. Une soirée, des femmes et des hommes serrés les uns contre les autres, un peu trop à mon goût, je n'ai plus l'habitude de la foule, je préfère les sentes désertées, de celles où l'on prend le temps de flâner et d'écouter la musique de l'océan et celle du vent. Une découverte, comme quoi, parfois, il est bon se frotter aux autres. Une découverte : Colin Chloé. Un Brestois en première partie de Dominique A. Pourtant, le gaillard n'est pas un débutant. Trois albums à son actif depuis 2010. Le dernier paru en 2022 : "Où l'eau te mène". Rien que le titre et cela donne envie de fureter. Une écriture, une voix, seul à la guitare électrique sur scène. J'aurais pu choisir d'autres extraits de son dernier album ou bien du précédent comme "Le monde marche". Magnifique chanson qui raconte les perdants et leur révolte. Une belle découverte car ce que nous raconte Colin Chloé, nourri par cette terre de granit où pousse l'ajonc, est de l'ordre de l'universel.
La pluie continue sa mélopée sur les ardoises. Est-ce qu'un jour le soleil viendra réchauffer les murs de granit ? Novembre et ses fantômes se plaisent à me tarauder. Nulle part où les fuir. Aucun port où se mettre à l'abri. Il ne me reste que la musique pour tenter de leur échapper quelque peu.
Avec "Woven Eyelids" pour compagnon, je vogue vers des îles enchanteresses. Même si cet opus pourrait apparaître de prime abord mélancolique, je le vois traversé de lumière, de beauté éclatante. De l'introduction "e.L.i.N.a" au dernier titre "Lovely Pain", pas un faux-pas. Sensibilité et délicatesse évidentes. Subtilité des arrangements. J'aurais pu détailler chaque titre, leur justesse. Des quelques notes posées à point nommé par piano, trompette, trombone ou voix féminine. Une harmonie rare, magnifique et précieuse.
Novembre et ses fantômes se plaisent à me tarauder. Nulle part où les fuir. Aucun port où se mettre à l'abri. Mais avec "Woven Eyelids", premier album solo de Nicolas Puaux, accompagné de Patrik Lerchmüller, je vogue vers des contrées bouleversantes de beauté. Indispensables.
La pluie détrempe la terre. Le vent épouse l'ardoise, fait vaciller la charpente plus que centenaire. Je me terre. Je me terre dans mon antre de granit et de bois. Le ciel est de la couleur des cendres. Je rêve d'une plage dorée où s'étendre et rêver. La mer, à quelques encablures, dévoile ses crocs blancs. Novembre et ses ombres me taraudent. Novembre et ses décombres me font douter. Douter de l'humanité. Arracher la mousse, le lierre et l'écorce. Fouiller le sombre, ronger le cœur, écouter la voix des ombres. De douleur, la mémoire vouloir dissoudre et ne pas pouvoir.
La pluie fait chanter le verre. Dans la pénombre, j'écoute le dernier opus de Marcel Kanche. Les mots et les notes sont sa matière. Le soc qui fouille la terre, le burin qui creuse la matrice. J'écoute son chant, sa voix, sa musique et ses textes qui m'emportent en des contrées précieuses, inestimables, indispensables.
La pluie continue de balayer la venelle. Je reste là, dans la pénombre, je reste là, vivant sur terre, avec ces dix titres.
De "J'aurais pu" à "Sur terre", un voyage aux émotions indescriptibles. Outre les siens, des textes de Gildas Veneau (superbe "Broyant la lumière"), de Bertrand Belin ("Figure") et de Virginie Despentes ("Un passage"). Des textes comme une évidence dans l'univers de Marcel Kanche. Des compositions que je n'ai pas envie d'analyser tant je veux me laisser vagabonder. Remarquables aussi. L'écoute attentive de "Maison brulée" par exemple, démontre, si cela était nécessaire, que la musique et les mots forment un tout indissociable dans son oeuvre.
Je reste là, avec ce qui fait notre humanité, des cendres et de la glaise, les fantômes du passé et le vent d'été, le rire des enfants qui jouent et le vin partagé avec ceux qui sont des amis, les espoirs déçus et la main aimée, embrassée chaque soir avant que le sommeil l'emporte.
Je reste là, dans la pénombre. Un chant somptueux résonne encore dans l'espace. Je crois que la pluie vient de cesser.
Le froid s'insinue dans les ruelles. Second café, quatrième cigarette. Calé bien au chaud, je vagabonde. Et puis, ce titre découvert par hasard sur bandcamp, extrait du premier album "Woven Eyelids" de Tereglio. Superbe. des frissons.
Certain qu'après avoir écouté cet opus tranquillement quand la pluie et le vent seront revenus, j'aurai l'occasion dans quelques jours de présenter cet album subtil et délicat.
La journée débute magnifiquement malgré le flot de nouvelles que je préfère ignorer tant mes rêves de jeunesse d'un monde meilleur me semblent si lointains. Heureusement, la beauté parfois rencontrée vient contrecarrer ce désespoir qui rôde en permanence.
Extraite de Cap Waller. Le texte, l'interprétation, le duo, l'accompagnement musical. La version solo est magnifique aussi. Probablement, une des plus belles chansons françaises de ces dix dernières années. Une écriture sobre, épurée et riche de sens. Le mot juste.