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Photo © Play B., 2018.
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Photo © Play B., 2018.
La pluie détrempe la terre. Le vent épouse l'ardoise, fait vaciller la charpente plus que centenaire. Je me terre. Je me terre dans mon antre de granit et de bois. Le ciel est de la couleur des cendres. Je rêve d'une plage dorée où s'étendre et rêver. La mer, à quelques encablures, dévoile ses crocs blancs. Novembre et ses ombres me taraudent. Novembre et ses décombres me font douter. Douter de l'humanité. Arracher la mousse, le lierre et l'écorce. Fouiller le sombre, ronger le cœur, écouter la voix des ombres. De douleur, la mémoire vouloir dissoudre et ne pas pouvoir.
La pluie fait chanter le verre. Dans la pénombre, j'écoute le dernier opus de Marcel Kanche. Les mots et les notes sont sa matière. Le soc qui fouille la terre, le burin qui creuse la matrice. J'écoute son chant, sa voix, sa musique et ses textes qui m'emportent en des contrées précieuses, inestimables, indispensables.
La pluie continue de balayer la venelle. Je reste là, dans la pénombre, je reste là, vivant sur terre, avec ces dix titres.
De "J'aurais pu" à "Sur terre", un voyage aux émotions indescriptibles. Outre les siens, des textes de Gildas Veneau (superbe "Broyant la lumière"), de Bertrand Belin ("Figure") et de Virginie Despentes ("Un passage"). Des textes comme une évidence dans l'univers de Marcel Kanche. Des compositions que je n'ai pas envie d'analyser tant je veux me laisser vagabonder. Remarquables aussi. L'écoute attentive de "Maison brulée" par exemple, démontre, si cela était nécessaire, que la musique et les mots forment un tout indissociable dans son oeuvre.
Je reste là, avec ce qui fait notre humanité, des cendres et de la glaise, les fantômes du passé et le vent d'été, le rire des enfants qui jouent et le vin partagé avec ceux qui sont des amis, les espoirs déçus et la main aimée, embrassée chaque soir avant que le sommeil l'emporte.
Je reste là, dans la pénombre. Un chant somptueux résonne encore dans l'espace. Je crois que la pluie vient de cesser.
Vent froid de novembre
De la couleur des cendres
Le ciel et la pierre.
Le froid s'insinue dans les ruelles. Second café, quatrième cigarette. Calé bien au chaud, je vagabonde. Et puis, ce titre découvert par hasard sur bandcamp, extrait du premier album "Woven Eyelids" de Tereglio. Superbe. des frissons.
Certain qu'après avoir écouté cet opus tranquillement quand la pluie et le vent seront revenus, j'aurai l'occasion dans quelques jours de présenter cet album subtil et délicat.
La journée débute magnifiquement malgré le flot de nouvelles que je préfère ignorer tant mes rêves de jeunesse d'un monde meilleur me semblent si lointains. Heureusement, la beauté parfois rencontrée vient contrecarrer ce désespoir qui rôde en permanence.
Extraite de Cap Waller. Le texte, l'interprétation, le duo, l'accompagnement musical. La version solo est magnifique aussi. Probablement, une des plus belles chansons françaises de ces dix dernières années. Une écriture sobre, épurée et riche de sens. Le mot juste.
un jour
un jour peut-être
tu comprendras
que je veuille ce passé enfoui
il n'y a Rien
Rien dont je veuille me souvenir
mes nuits étaient d'insomnie mon corps que fragments épars
je détestais les miroirs j'esquivais les regards
mes mains mes seins n'étaient que vaine monnaie d'échange
j'espérais leur tendresse je ne recevais que leur mâle suffisance
mes lèvres étaient d'indifférence mon sexe que muette souffrance
j'endurais leur virile vanité j'exécrais leurs sourires triomphants
un jour
un jour peut-être
tu comprendras
que le silence m'accorde l'oubli
un jour
un jour peut-être
au jour qui meurt
le passé évanoui
je me love contre ton corps
j'attends
j'attends tes caresses
qui tressent des lignes de vie sur ma peau
j'attends
j'attends la musique de tes mots
qui enfièvre mes lèvres qui embrase mon ventre
au jour qui meurt
je me love contre ton corps
la main posée sur tes reins
je m'endors
Photo © Play B., 2023.
Par la fenêtre de mon antre, je regarde les nuages dériver. Bientôt, le vent va se lever et la mer se creuser. C'est une atmosphère propice à voyager en des contrées où, sans même penser, sans vouloir analyser, des atmosphères sonores et des chants vous transportent en terre d'émotions.
Le premier opus de Gintsugi est de ceux-là. Neuf titres dont une reprise de la célèbre "Lilac Wine". Ouvert par la magnifique "Mon coeur", il se clôture par la chanson qui donne son nom à l'album : "The elephant in the room". Expression idiomatique qui serait le propos de l'album.
Mais le travail vocal de Gintsugi - remarquable - la collaboration d'Eymeric Anselem et la production musicale suffisent, sans même vouloir saisir le sens des textes, à être emporté dans le monde de cette artiste.
Bientôt, la mer va se creuser, le vent va se lever, je pars en voyage dans les contrées mystérieuses et envoûtantes de Gintsugi.