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  • Books : A lire ou à relire n°3

    littérature,roman,nouvelles,books,donald ray pollock,knockemstiffIl est des lectures cruelles mais jubilatoires. Celle du premier ouvrage de Donald Ray Pollock, écrivain américain qui travailla plus de trente ans dans une usine de pâte à papier dans l'Ohio, est de celles-ci. « Knockemstiff », recueil de 18 nouvelles paru initialement en 2010 avant le succès de son premier roman « Le diable, tout le temps » en 2012, se déroule dans un trou perdu de l'Ohio qui donne son titre à l'ouvrage et où l'auteur passa son enfance et sa jeunesse.

    Dans un style où excelle le sens de la formule, nous plongeons dans la vie de personnages à la destinée tragique où le comique n'est jamais absent. Les laissés-pour-compte du rêve américain vivent parfois dans des caravanes dézinguées, de vielles voitures posées dans le paysage ou dans des maisons qui vous donneraient la déprime. Certains se nourrissent de tout ce qui convient pour être gras et flasques ; les femmes y sont rarement à leur avantage et sont capables de tous les subterfuges pour se ramener un gars pour la nuit ; les drogues frelatées et l'alcool sont au rendez-vous et ne parviennent jamais à soulager du poids de l'existence. C'est brut, sauvage, ça a un goût de mauvais alcool ou de doughnuts bien gras et sucrés. Il y a des Chevrolet 1959 à ailerons, des Blizzard à s'en faire éclater la panse et du Wild Irish Rose pour les longues nuits au fin fond de l'Ohio. C'est même parfois cradingue, il y a des hommes qui, prisonniers de leur désespoir, se couvrent de leur merde pour masquer leurs illusions. Il y a des femmes battues ou qui abandonnent leur corps parce que, de toute façon, y a plus vraiment d'autre choix. Il y a des draps froids et sales et des nuits glaciales. Il y a des femmes qui s'enfuient vers un ailleurs dont on doute qu'il sera meilleur. Il y a des obsédés, des lâches et des brutaux. Il y a des paumés, des enfants qui rêvent de partir devenus grands mais qui restent collés à ce trou perdu. Il y a des meurtres et des suicides, des papys Alzheimer, des maris qui ne rêvent que de repartir à zéro, des camionneurs speedés, des bouseux et des perdants. Il y a des pères qui ont besoin de se sentir bénis des dieux et des fils qui gagnent amers le dernier round. Il y a la mort qui rôde. Il y a la vie de personnages qu'on rencontre rarement dans la littérature ; il y a parfois, à la fin d'une nouvelle, comme une lueur d'espoir ou bien ça et là un peu de tendresse pour ces hommes et ces femmes qui ont pour seule véritable compagnie la souffrance. Il y a des éclairs d'humanité.

    C'est noir, c'est violent, c'est grinçant, c'est féroce, ça vous empêcherait de dormir tranquille, ça vous râpe la langue mais c'est tellement bon !

     « Knockemstiff », Donald Ray Pollock, Libretto n°410, 2013. Traduit de l'américain par Philippe Garnier.

  • Postcard n°2 : "La Tristesse du Samouraï"

    9782330015145.jpgUne nouvelle carte postale de mon lieu de villégiature à l'étranger pour vous signaler un roman disponible en poche. Comme le ciel est bien gris en ces contrées où je passe quelques jours de vacances, j'en profite pour dévorer quelques romans dits policiers. En voici un excellent, écrit par Victor Del Arbol. Cela se déroule en Espagne avec des allers-retours entre différentes époques marquées par le franquisme. C'est habile et terrible.

    Ce livre est disponible depuis 2013 en poche, collection Babel noir. Traduction de l'espagnol par Claude Bleton.

  • A lire ou à relire n°6

    En cet été qui invite à la flânerie livresque, je vous propose de partir à la (re)découverte d'ouvrages que l'on classe souvent et à tort, selon moi, dans la littérature pour la jeunesse.

    Une parenthèse avant de les présenter : si je m'étais contenté de lire les ouvrages recommandés pour la jeunesse, je n'aurais jamais découvert « Les Fleurs du mal » à l'âge de 12 ans, ni dévoré « Le Mur » de Sartre et bien d'autres encore avant que l'on me parle de ces auteurs au collège et au lycée (et malheureusement que l'on m'en écœure parfois...). Tout cela pour recommander à ceux que l'on dénomme des adultes de lire aussi des livres pour la jeunesse.

    Cette fois-ci donc, non pas un ouvrage mais plusieurs, dénommés des romans graphiques et dont les auteurs sont Eric Wantiez et Marie Deschamps. Leur collaboration a donné naissance à plusieurs ouvrages  Chacun est un pur régal, que ce soit au niveau de l'écriture du texte ou de l'écriture graphique :

    « Un secret » où le texte et le dessin se combinent pour nous raconter avec sensibilité et poésie une magnifique histoire qui prend son origine avec un grand-père et son petit-fils : un livre tout en légèreté sur le partage.

    "Nino" où l'on appréciera notamment le travail graphique de Marie Deschanps.

    « Pierre et Lou » dont le thème classique est traité avec délicatesse.

    Je trouve que ces deux auteurs se complètent admirablement l'un et l'autre. Par les mots ou le trait, ils font preuve d'une grande sensibilité pour traiter de thèmes universels.

    Un nouveau roman « Le printemps d'Oan » est prévu en 2015.

    Les ouvrages sont disponibles aux éditions "Comme une Orange", vous pouvez aussi les commander chez votre libraire. Alors n'hésitez pas, ceux qui peuvent parler du monde avec poésie aux plus petits et plus grands sont de plus en plus rares, il est nécessaire de soutenir leur travail indispensable.

    Marie Deschamps a mis aussi en ligne 16 collodions réalisés à partir de son travail sur Le secret et des sérigraphies superbes. C'est par ici : http://mariedeschamps.blogspot.fr/

    Elle est aussi l'auteur d'un blog où elle partage des réflexions et des dessins : http://whatmd.blogspot.fr/

    Eric Wantiez est lui aussi auteur d'un blog consacré à ses réflexions sur le métier, le travail et la condition d'auteur : http://ericwantiez.blogspot.fr/

  • Books : A lire ou à relire n°4

    palomar.jpg"Palomar" est un autre petit bijou offert par Italo Calvino dont j'ai décidé cet été d'évoquer quelques publications. Ce livre composé de 27 textes, structuré en 3 parties (Les vacances de Palomar, Palomar en ville, Les silences de Palomar) est un régal. Une écriture des plus précises, à la fois d'une grande simplicité et extrêmement travaillée. Un humour qui masque parfois le désespoir. Un ouvrage sur le regard, sur le rapport entre un fragment de réalité perçu par ce personnage et sa conscience.

    "A la suite d’une série de mésaventures qui ne méritent pas d’être rappelées, monsieur Palomar avait décidé que sa principale activité serait de regarder les choses du dehors."

    Livre philosophique mais d'une grande facilité d'accès, Palomar comporte des textes parfois d'à peine trois pages mais qui valent bien plus par leur qualité littéraire et leur portée que plusieurs dizaines de romans.

    La verve, l'ironie et l'humour ne sont pas absents de ces textes. Ainsi, "Le sein nu" vous entraînera aux côtés de Palomar sur une plage où une jeune femme prend le soleil les seins nus. Je ne vous dévoilerai pas le titre du dernier texte mais ne peux résister à en citer un court extrait :

    "Si le temps doit finir, on peut le décrire, instant après instant, pense Palomar, et chaque instant, quand on le décrit, se dilate à tel point qu'on n'en voit plus la fin."

    Pour de sombres raisons de droits, les livres d'Italo Calvino ne sont actuellement pas tous disponibles en commande dans une traduction française. Ils sont de nouveau publiés progressivement chez Gallimard. En attendant, on peut trouver des versions d’occasion ou se rendre en bibliothèque.  

  • Books : « Sauver Mozart » de Raphaël Jerusalmy

    littérature,roman,books,livre,sauver mozart,raphaël jerusalmyPublié chez Actes Sud en 2012, ce court roman est un récit inoubliable porté par une écriture magnifique.

    Rongé par la tuberculose, Otto J. Steiner. critique musical, commence à tenir un journal en juillet 1939 alors qu'il est dans un sanatorium de Salzbourg. Il adresse aussi des lettres à son fils dont il est sans nouvelles.

    Impossible de dévoiler ce qui constituera selon ses mots son « seul acte de résistance » et qui lui donnera le sentiment d'avoir accompli son « devoir » dans ce monde qui bascule dans l'une des périodes les plus sombres de son histoire.

    Sens de la formule, ironie, cruauté, acuité du regard, humour glaçant, gravité, auto-dérision, les qualificatifs multiples qui pourraient être employés indiquent combien ce roman est un grand texte. Par une écriture resserrée et d'une grande précision, en moins de 150 pages, tout est dit sur cet implacable joug qui s'exercera dans tous les domaines y compris dans celui de l'art, tout est dit sur cette idéologie qui planifiera l'Holocauste.

    Le roman est suivi d'une page où figure un texte de quelques phrases dont celles-ci que je ne peux m'empêcher de citer, moi qui consacre aussi des chroniques à la musique :

    « Aucun des musiciens et chefs d'orchestre mentionnés dans le journal d'Otto ne prit jamais la défense de la liberté d'expression ni ne prêta la moindre assistance à ses collègues persécutés. Après la guerre, tous jouirent de l'admiration sans réserve des mélomanes du monde entier ».

  • Books : A lire ou à relire n°2

    littérature,nouvelle,livre,books,haruki murakami,tony takitaniIl est devenu un romancier médiatisé. Chacun de ses nouveaux romans connaît un succès important. Pourtant, je ne suis pas certain que ses derniers ouvrages soient les plus réussis.

    Je crois que je préfère le Haruki Murakami de « Tony Takitani ».

    Je crois que je préfère cette légèreté profonde dans la concision. 

    Cette nouvelle a été adaptée en 2006 au cinéma mais c'est avant tout ce court texte, fragile, épuré, limpide, mélancolique et gracieux qui mérite le détour. 

    Ce récit dont je ne vous dévoilerai pas le ressort insiste entre autres sur l'isolement, la profondeur de la solitude.

    La nouvelle s'achève ainsi : "Une fois que les cartons de disques eurent disparu de la pièce, il se retrouva seul, pour de bon cette fois."

    Alors, pour savoir pourquoi Tony Takitani s'appelle ainsi, pourquoi il contempla longuement d'un œil vague les vêtements de sa femme, empressez-vous de lire cette nouvelle si vous parvenez à la trouver car elle fut distribuée gratuitement par Belfond lors de la sortie du film en 2006.

  • Books : A lire ou à relire cet été n°1

    L'été qui s'installe me rend paresseux.

    Alors, j'ai décidé de partager cet été des livres qui ne sont plus d'actualité.

    Des livres à relire ou à découvrir, installé confortablement dans une chaise longue sous l'ombre protectrice d'un mûrier.

    Des livres qui furent des compagnons reposants ou bouleversants.

    Évidemment, je suis bien conscient de ne pas participer à ce torrent continu et entretenu par blogs et pages diverses : le dernier paru, le dernier entendu, celui qu'on a lu ou entendu et qui va prochainement paraître.

    Non, dans ce flot incessant auquel je contribue aussi, j'ai décidé d'inscrire une pause, d'introduire de la lenteur, d'étirer le temps, d'insérer l'attente.

    Mon premier choix, traduit de l'italien, débute ainsi :

    " Il n'est pas dit que Kublai Khan croit à tout ce que Marco Polo lui raconte [...]".

    Ce texte est l'un des plus remarquables que je connaisse sur la ville.

    Ce livre s'intitule "Les villes invisibles" et l'auteur en est Italo Calvino.

    Un autre jour, peut-être, je vous reparlerai de ses romans et de ses essais tels ceux réunis dans "La Machine Littérature". Aujourd'hui, pas de vignettes, pas de photos, pas de liens. Ceux qui le voudront n'auront aucun mal à le trouver. Je l'espère en tout cas.

    Les villes invisibles. Italo Calvino (traduction par Jean Thibaudeau), Edtions du Seuil, 1974. Disponible en poche (Folio, Gallimard).

  • Books Review : « Le restaurant de l'amour retrouvé » de OGAWA Ito.

    « Le restaurant de l'amour retrouvé » de OGAWA Ito, éditions Philippe Picquier, 2013. Traduit du japonais par Myriam Dartois-Ako.

    cat_1372671956_1.jpgCeux qui ont lu mes petites chroniques parues sur une autre page savent que la littérature japonaise y fait de fréquentes apparitions. Une fois de plus, je ne résiste pas. Mais, comme bien souvent, je ne vous dévoilerai presque rien de la trame de ce livre. Non, il vous appartiendra de la découvrir en étant patient car vous ne comprendrez certains points de cette histoire merveilleuse que dans les dernières pages. Sachez seulement qu'il y est question d'amour et de cuisine, qu'on y rencontre une jeune fille qui perd la parole et crée son restaurant, un cochon appelé Hermès, des épices, des navets, du carpaccio d'huîtres et d'amadai, un bar appelé Amour, un Papy hibou et encore tant de fantaisies. Le gourmand que je suis s'est régalé. Parce que cuisiner rime ici avec sensualité, poésie, don et partage. Écrit dans un style limpide, ce roman dépeint avec délicatesse les sentiments de son personnage central. Un livre sur les apparences, sur ce que l'on croit des autres et ce qu'il nous laisse croire d'eux. Un merveilleux livre.

    Coïncidence, cette auteure collabore aussi à un projet musical Fairlife.