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MB&P : Music Books And Poems - Page 177

  • Books : A lire ou à relire n°3

    littérature,roman,nouvelles,books,donald ray pollock,knockemstiffIl est des lectures cruelles mais jubilatoires. Celle du premier ouvrage de Donald Ray Pollock, écrivain américain qui travailla plus de trente ans dans une usine de pâte à papier dans l'Ohio, est de celles-ci. « Knockemstiff », recueil de 18 nouvelles paru initialement en 2010 avant le succès de son premier roman « Le diable, tout le temps » en 2012, se déroule dans un trou perdu de l'Ohio qui donne son titre à l'ouvrage et où l'auteur passa son enfance et sa jeunesse.

    Dans un style où excelle le sens de la formule, nous plongeons dans la vie de personnages à la destinée tragique où le comique n'est jamais absent. Les laissés-pour-compte du rêve américain vivent parfois dans des caravanes dézinguées, de vielles voitures posées dans le paysage ou dans des maisons qui vous donneraient la déprime. Certains se nourrissent de tout ce qui convient pour être gras et flasques ; les femmes y sont rarement à leur avantage et sont capables de tous les subterfuges pour se ramener un gars pour la nuit ; les drogues frelatées et l'alcool sont au rendez-vous et ne parviennent jamais à soulager du poids de l'existence. C'est brut, sauvage, ça a un goût de mauvais alcool ou de doughnuts bien gras et sucrés. Il y a des Chevrolet 1959 à ailerons, des Blizzard à s'en faire éclater la panse et du Wild Irish Rose pour les longues nuits au fin fond de l'Ohio. C'est même parfois cradingue, il y a des hommes qui, prisonniers de leur désespoir, se couvrent de leur merde pour masquer leurs illusions. Il y a des femmes battues ou qui abandonnent leur corps parce que, de toute façon, y a plus vraiment d'autre choix. Il y a des draps froids et sales et des nuits glaciales. Il y a des femmes qui s'enfuient vers un ailleurs dont on doute qu'il sera meilleur. Il y a des obsédés, des lâches et des brutaux. Il y a des paumés, des enfants qui rêvent de partir devenus grands mais qui restent collés à ce trou perdu. Il y a des meurtres et des suicides, des papys Alzheimer, des maris qui ne rêvent que de repartir à zéro, des camionneurs speedés, des bouseux et des perdants. Il y a des pères qui ont besoin de se sentir bénis des dieux et des fils qui gagnent amers le dernier round. Il y a la mort qui rôde. Il y a la vie de personnages qu'on rencontre rarement dans la littérature ; il y a parfois, à la fin d'une nouvelle, comme une lueur d'espoir ou bien ça et là un peu de tendresse pour ces hommes et ces femmes qui ont pour seule véritable compagnie la souffrance. Il y a des éclairs d'humanité.

    C'est noir, c'est violent, c'est grinçant, c'est féroce, ça vous empêcherait de dormir tranquille, ça vous râpe la langue mais c'est tellement bon !

     « Knockemstiff », Donald Ray Pollock, Libretto n°410, 2013. Traduit de l'américain par Philippe Garnier.

  • New Album "Fossile" by JUR

    Le dernier album "Fossile" du groupe JUR fait l'objet de nombreuses chroniques depuis quelques semaines. En tout cas, bien plus que leurs précédentes productions, semble-t-il. Ce nouvel opus, disponible depuis quelques jours en CD, fait sans aucun doute partie des disques auxquels il faut prêter une écoute en ce début d'automne. On pourra aussi en profiter pour découvrir un peu plus leur univers, si ce n'est déjà fait, en écoutant leurs précédents albums et EP réalisés depuis 2009 (Juste ici, Ladrona et A boca llena). Ils réservent de bien agréables moments eux aussi et sont disponibles sur leur page bandcamp.

  • Cover of the Day (year ?) : "Le Chanteur" by Carl et les hommes-boîtes

    Rares sont les reprises qui apportent un nouveau souffle musical tout en ajoutant une interprétation qui propose une dimension aussi voire plus forte que la version originale.

    Le version du tube "Le chanteur" que nous délivre Carl Roosens (qui se cache derrière Carl et les hommes-boîtes) est de cette catégorie. Si le décalage est l'une de ses marques de fabrique, il n'empêche qu'il donne une seconde vie jouissive à ce tube. Non seulement sa version musicale nous l'installe dans le XXIe siècle mais le choix de ne pas tomber dans la tentation de vouloir vainement chanter à l'identique (le pourrait-il de toute façon ?) accentue par son côté traînant, scandé, détaché et décalé, encore plus la dimension fataliste, tragique de cette destinée que nous narre un jeune artiste, sa déchéance déjà annoncée avant même d'avoir connu le succès. "Le Chanteur" n'est-il pas une figure symbolique de bien des situations et destinées dans nos sociétés ?

    Bien sûr, certains des fans de Balavoine auront du mal à supporter cette version de la chanson qui fut l'un de ses plus grands succès. Ils devraient être plus que ravis, bien au contraire, de voir que les chansons de leur idole peuvent inspirer de jeunes artistes au lieu de sentir la naphtaline. On sait d'ailleurs que Balavoine lui-même, toujours attentif à la forme musicale de ses chansons, en donna plusieurs versions notamment une beaucoup plus "rock" sur scène.

    Cette reprise est disponible sur la compilation n°4 La Souterraine qui nous apporte à chaque sortie toujours quelques belles surprises.

    Rappelons aussi que Carls Roosens a sorti en 2013 un album "La paroi de ton ventre" que nous avions chroniqué en d'autres lieux et que nous avions classé dans les incontournables de l'année.

  • Song of the Day : "I am not the Bad Guy" by My Brightest Diamond

    Je ne chroniquerai pas le dernier album de Shara Worden, non pas qu'il ne me plaise pas mais je pense qu'il bénéficie déjà de nombreux articles. Je ne vois pas ce que je pourrais y ajouter.

    J'avoue avoir été à la première écoute quelque peu réticent sur plusieurs titres mais force est de reconnaître que cette artiste prouve une fois de plus sa capacité à se renouveler et à poursuivre un cheminement toujours original.

    L'un de mes titres préférés de cet album est sans conteste "I am not the Bad Guy" aussi bien par sa composition que son chant et son texte. J'ai établi quasiment instantanément un lien avec un titre qui était paru sur son album "Bring Me the Workhorse" : "The Good & the Bad Guy".

    Je trouve assez intéressant d'écouter ces deux titres à la fois pour le traitement musical effectué en l'espace de 8 ans mais aussi pour son écriture.