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Album Review - Page 18

  • Music Albums Review : duo RØST, Ditte Rønn & Søren Bebe

    Il y déjà presque deux ans, j'ai écrit un texte qui connut de multiples versions. Un texte inspiré par l'écoute du duo danois RØST composé de Ditte Rønn et Søren Bebe. Chacun de ces artistes a aussi tracé sa voie musicale que je présenterai dans cette chronique.

    Voici l'une des versions de ce texte qui n'a pas disparu du monde numérique en guise d'introduction, accompagnée de l'une des chansons qui l'inspira.

    Voce

    Posée sur le silence

    une note de clavier

    délicate éphémère

    dissipe la brume qui couvre la plaine assoupie

    Au loin

    à peine visible

    un océan de souvenirs amers

    que trouble l'écume grisâtre des vagues

    Dans l'immensité

    plus douce que la peau des paupières

    une voix de femme s'élève

    Lentement

    la mélancolie s'insinue

    le chant emplit l'espace

    cristallin

    et l'air vibre d'arpèges lumineux

    Quelque part

    lancinant

    le son d'un portail abandonné

    qui grince sous le vent

    Les vocalises se déploient résonnent s'éteignent

    Murmures

    La note retentit encore

    suspendue

    puis meurt

    Ne demeure précieux

    qu'un instant fragile de bonheur.

    La collaboration des deux artistes danois a donné naissance à trois albums. « Improvisationer » en 2009 composé de 12 titres piano-voix où le jeu de Soren et la voix chaude de Ditte font merveille comme dans le très beau « Seks » :

    Le magnifique « Drømte mig en drøm » paraît en 2011. Le duo revisite magistralement des titres traditionnels, appartenant au folklore danois. Le disque est ouvert par le somptueux « Jeg gik mig ud en sommerdag » et offre avec ses huit titres des ambiances splendides :

    En 2013, paraît la musique composée par le duo pour « Dokumentaristen » un spectacle écrit et mis en scène par la compagnie théâtrale danoise « Team Teatre ».

    Mais, chaque artiste développe aussi ses projets personnels.

    L'année 2012 voit le premier album solo de Ditte Rønn paraître : « Echoes of Madeleine » avec la collaboration de Sune Skuldbøl Vraa Nielsen. 

    Douze titres le composent dont les très beaux « Here I Am », « Emotianal »,« Recovering », « I Go As Deep As I Can Go », « The Sea », « Be Kind » ou « I Won't Tell ».

    Variant les ambiances, le disque montre les talents de chanteuse, d'interprète et de compositrice de Ditte Rønn.

     

    Quant à Søren Bebe, il poursuit sa carrière de pianiste mais aussi de compositeur. Il connaît un succès de plus en plus important avec son trio, notamment avec l'album "A Song for You" paru en 2012 qui comporte de lumineuses compositions :

     

     

  • Albums & Book Review : « The Art of the Demo » by Cheval Blanc. « Collège » by Jérôme-David Suzat-Plessy, éditions Bruit Blanc, 2012.

    Il est des rencontres fortuites qui vous plongent dans un état particulier. Sans que vous sachiez vraiment l'expliquer, vous avez l'impression qu'elle était inévitable, indispensable, comme un "déjà-là" et qu'elle ne pourra plus vous quitter.

    Une compagnie précieuse qui fait irruption dans votre vie, rare, inestimable, tellement précieuse et familière, tellement fragile et indissociable de votre intimité que vous hésitez à la partager.

    L’œuvre de Cheval Blanc (projet solo de Jérôme-David Suzat) est de l'ordre de ces rencontres qui, instantanément, entrent en résonance avec ce qui vous constitue au plus profond et que vous ignorez. Un autre vous-même.

    Je ne connais rien de la vie d'homme de cet artiste. Cela n'a aucune importance. Cela n'est d'aucun intérêt.

    Par contre, ce que je sais de son œuvre, c'est qu'elle constitue l'une des plus belles découvertes de ces dernières années dans les sentes musicales que je parcours.

    Rencontre irrémédiable, définitive, radicale, de l'ordre du tout ou rien. Écouter Cheval Blanc est une épreuve parce qu'il ne peut y avoir de demi-mesure. Adhérer, être conquis ou rejeter, ne pas vouloir entendre ce qui dérange.

    L’œuvre de Cheval Blanc est une alchimie quasi miraculeuse.

    Entre cette voix fragile et pourtant si puissante dans sa capacité expressive, à la limite de la fêlure et de la brisure, à la lisière des forêts sombres qui nous hantent.

    Entre ces textes où rythme et sonorité sont tout aussi importants que sens et lyrisme, où vous croyez entendre le souffle de l'auteur jaillir, fulgurant.

    Entre des compositions – omniprésence du piano - qui démontrent que le dépouillé génère beaucoup plus d'émotions que la profusion d'arrangements et la sophistication technologique.

    Et puis il y a le son de « The Art of the Demo ». Ce son artisanal qui justement apporte la couleur nécessaire, indispensable pour créer cet ensemble unique, cette ode viscérale. J'ose même affirmer que, sans ce son, l’œuvre de Cheval Blanc n'aurait pas la même portée, la même puissance évocatrice. A se fondre dans les productions actuelles, elle aurait tout y à perdre.

    Je crois avoir lu, dans l'une des rares interviews disponibles de Cheval Blanc, qu'il avait envisagé d'interpréter des chansons avec un quatuor à cordes. Pourquoi pas, mais alors je l'imagine avec l'intensité d'un jeu de cordes comparable à celui de Casals dans les Suites de Bach.

    Intensité justement de la première chanson qui ouvre le troisième opus au titre "Rouge" chargé de symbolique.

    « Il faut écrire lentement le nom des gens que l'on aime », c'est ainsi que débute « Le poème lent », titre peut-être le plus intense grâce à la maîtrise de la durée, à la lenteur instaurée entre notes du piano et chant.

    Tel un danseur qui, par les variations du mouvement, crée des ruptures dans l'espace-temps, Cheval Blanc nous transporte, dès les premières notes et mots chantés, dans son univers où l'amour, la nostalgie, la souffrance, la passion, la mélancolie mais aussi l'élégance occupent cette place particulière qui suspend le temps.

    Temps de l'amour, temps de la perte déjà-là, irrémédiable.

    Et si Cheval Blanc nous capture, nous saisit, nous happe, ce n'est pas seulement grâce à ses textes. C'est aussi parce que sa voix, sa diction, son phrasé se marient parfaitement aux musiques qui portent ses paroles, épousent la chair de ses mots. Quoi qu'il pense de sa voix et de sa justesse, aucun doute permis. Cette voix qui incarne l'essence de ses textes ne peut qu'être.

    Il y a une musicalité étonnante dans le travail de Cheval Blanc, musicalité de la langue - cet homme aime les mots - qui en fait, sans aucun doute, l'un des auteurs-compositeurs interprètes incontournables de ces dernières années. Méconnu du grand public tel un Marcel Kanche mais indispensable.

    Et puis, il y a aussi ce sens de la mélopée, cette linéarité comme dans « I love you so much » ou bien encore dans "du Chaoos". Magistral.

    Musicalité des textes, souffle rythmique, notables aussi dans son recueil « Collège » publié chez le même éditeur Bruit Blanc dont il convient de souligner la qualité du travail éditorial.

    Ces qualités, ces fulgurances, nous les avions déjà découvertes dans des chansons magnifiques de ses deux précédents EP : « Ma ville », « A la mort du monde », « Les amants morts », « La révolution est un jeu d'enfant » et bien d'autres.

    Si Cheval Blanc est un habile artisan de la mélodie – il n ' y a qu'à écouter « Alcool », il est aussi fort habile pour insérer de petites touches à ses chansons qui donnent cette coloration particulière : les voix sur « Garce ! » ou « L’assassin » par exemple.

    Il y a aussi, comment trouver les mots, comme une délicate fraîcheur, une douce brise d'adolescence, un romantisme dont on avait oublié les envolées, une incandescence dans ses chansons et poèmes.

    Cheval Blanc nous conduit vers des contrées inestimables. Enfermés dans nos vies de cellophane aseptisées, nous avions presque oublié que nos existences étaient habitées par l'amour et la passion. Un cortège d'espoir, de plaisirs et de désir. Un cortège de peurs, de souffrances et de désespoir aussi.

    Et cela fait un bien infini.

    C'est certain, Cheval Blanc est condamné. Condamné à nous offrir une nouvelle suite à « The Art Of The Demo #3».

    L'album et les deux EP sont en en écoute et en vente ici :

    EP Révélations

    EP Révolutions

    Album Rouge

    Le recueil de poèmes « Collège » est disponible ici :

    Collège

  • Album of the Month : "Brightly Painted One" by Tiny Ruins, 2014.

    A Marvellous Album !
    Quand j'ai entendu pour la première fois Hollie Fullbrook, j'ai pensé à Sibylle Baier. Non que la voix soit la même. Non. Mais il y a ce folk intemporel, cette simplicité apparente, cette lumineuse pureté, cette sérénité apparente qui irrigue ses compositions. Cette jeune artiste, sans céder à la facilité et à la mode, poursuit avec sincérité sa route depuis son premier lp qui était déjà une réussite. Si il y a cette sérénité dans les compositions comme dans des titres de Sybille Baier tels que "Tonight" ou "I Lost Something in the Hills", il y a cette voix et ces inflexions qui parfois laissent la fêlure percer. Hollie Fullbrook a le don dans l'infime variation de faire chavirer votre cœur pour peu que l'on soit disposé à accepter de prendre le temps de goûter cette apparente simplicité et cette délicatesse. Les chansons de Tiny Ruins sont de véritables bijoux, certaines atteignent la perfection : "Carriages, "Me At The Museum, You At The Wintergardens", "Whire Sheet Lightning". Un album folk incontournable de cette année 2014. L'album est en écoute sur spotify.

    Vous pouvez découvrir et vous procurer ses précédentes compositions sur sa page bandcamp.


  • New Album : "Silkidrangar" by Samaris.

    Trio islandais formé depuis 2011, Samaris continue de tracer sa route sereinement. Leur style musical que certains ont pu oser qualifier d'électro glaciale (déjà électro, j'ai du mal à ranger ! alors en plus glaciale !) me plonge dans des étendues nues et désertiques illuminées par cette voix à l'accent si particulier qui apporte une couleur caractéristique aux compositions du trio. Dix titres à déguster tranquillement.

    En écoute sur spotify.


  • First Album Review : "May" by Broken Twin, 2014

    Ouvert par le magistral « The Aching », disons-le tout de suite, le premier album de Broken Twin est éblouissant. Éblouissant pour ceux qui aiment les atmosphères mélancoliques, les atmosphères poétiques et crépusculaires, celles où, installé dans la pénombre, on regarde les ombres rôder par la fenêtre sans savoir ce qu'elles annoncent.

    La sobriété n'est jamais aisée et c'est ce que réussit magnifiquement Majke Voss Romme. Lorsque sa voix s'élève, douce et fragile, posée sur les notes de piano que viennent hanter les cordes, il y a de magnifiques instants de beauté qui s'installent. Le superbe « Roam » en est l'un des exemples les plus marquants.

    Évidemment, l'album, par ses choix affirmés et tenus du début à la fin, pourrait lasser ceux qui ne prennent pas le temps de se poser, ceux qui sont adeptes du zapping musical, se contentant d'écouter un ou deux titres voire quelques secondes d'une chanson. Tant pis pour eux mais force est de constater que cet album se clôt par un titre tout aussi magnifique que le premier, tout en délicatesse : « No Darkness ».

    Décidément, les artistes danoises nous offrent de bien beaux albums.

    En écoute sur spotify : Broken Twin – May

  • Discovery from Australia : Duo "anchor & the butterfly"

    Des notes de guitare égrenées délicatement, un peu de batterie et une voix magnifique : limpidité, presque un sentiment d'éternité sur certains titres, en tout cas une émotion sereinement installée en toute simplicité.
    Je ne suis peut-être que l'un des rares à avoir écouté ce disque en France et à le chroniquer. Je voulais vous faire partager ce folk qui démontre que la multiplicité des effets, des arrangements, des bidouillages de studio, des trucs électro et autres sons qu'il faut absolument triturer et placer dans n'importe quel titre sont bien souvent incapables de procurer des instants tels que ceux offerts par ce duo composé de Bridget Robertson - une voix à vous faire frissonner - et un guitariste Lance Hillier qui sait jouer juste ce qu'il faut.

    Partagez, faites connaître le duo "Anchor & The Butterfly" !
    L'album est en écoute et en vente sur leur page bandcamp et profitez-en pour écouter des chansons aussi limpides et belles que "White and Grey" ou "A Lone Star" :